7 janvier > Roman France

Cette fois-ci, Philippe Besson a décidé de situer à Lisbonne son nouveau roman. Ça tombe bien, l’atmosphère si particulière de cette ville un peu désuète, sa saudade, convient bien à ses personnages, Mathieu Belcour et Hélène Villedieu. Ils se trouvent par hasard dans le même hôtel au charme suranné. Ils s’observent. Et il finit par lui parler.

Une relation amicale, fraternelle, va se tisser entre ces deux "éclopés", qui ont en commun chacun un "disparu" et le pleurent encore. Hélène son mari Vincent, architecte mort un 29 janvier à San Francisco dans un tremblement de terre, et dont on n’a pas retrouvé le corps. Seule, sans enfants, elle n’a jamais vraiment pu faire son deuil. Elle est venue à Lisbonne pour un long séjour. "Je tue le temps, dit-elle à son compagnon d’infortune. Qu’est-ce qu’on peut faire d’autre ?" Lui, qui fut autrefois professeur de littérature française à l’université de la ville, y a vécu une forte histoire d’amour avec Diego, l’un de ses étudiants. Cinq ans, entre Paris et Lisbonne. Et puis le garçon a rompu, on ne sait trop pourquoi. Mathieu est revenu sur les lieux de son bonheur, de son malheur aussi, ruminant sa souffrance dans la nuit lisboète où il cherche d’autres jeunes amants.

Au fil des jours, Hélène et Mathieu dorment peu, mangent peu, se parlent, mais jamais pour bavarder. Pour se confier, s’écouter. Et ils finissent par se faire du bien, par aller mieux. Elle surtout, qui s’apprête à repartir pour Paris. Mais, auparavant, elle va accomplir pour son ami un véritable miracle, afin que "tout recommence". On n’en dira pas plus.

Avec sa sensibilité extrême et sa technique narrative personnelle, cette fois-ci très fragmentée, presque pointilliste, très filmique (Besson est aussi scénariste), l’auteur d’En l’absence des hommes a joliment réussi ce roman tout en finesse et en demi-teintes - comme Lisbonne. J.-C. P.

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