Rentrée littéraire 2021

Les habitués du palmarès des libraires : Cécile Coulon, Marc Dugain et Thomas B. Reverdy

Cécile Coulon - Photo Tiphaine Giraud

Les habitués du palmarès des libraires : Cécile Coulon, Marc Dugain et Thomas B. Reverdy

Livres Hebdo a compilé les dix dernières années de son palmarès des romans de la rentrée littéraire des libraires. Six auteurs et auteures régulièrement plébiscités par les libraires sont au rendez-vous en 2021. Après Lydie Salvayre, Amélie Nothomb et Sorj Chalandon, présentation des livres de Cécile Coulon, Marc Dugain et Thomas B. Reverdy.

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Par Pauline Gabinari,
Dahlia Girgis,
Créé le 28.07.2021 à 12h05

Les libraires plébiscitent chaque année plusieurs auteurs dans le palmarès Livres Hebdo des romans de la rentrée littéraire. Ce classement rassemble à la fois de grands noms de la littérature, des auteurs habitués des meilleures ventes ou encore des espoirs qui pourraient bousculer les valeurs sûres de la rentrée.

Cette année encore, plusieurs titres vont émouvoir, faire voyager ou frissonner les lecteurs pendant la rentrée littéraire, qui s’amorce dès le 19 août.

Livres Hebdo a compilé les dix dernières années du palmarès, dont le prochain sera dévoilé dans le numéro d’octobre de LH Le Magazine et recense les six romans de la prochaine rentrée signés par des auteurs constamment présents dans le classement.

Seule en sa demeure, de Cécile Coulon (L’Iconoclaste, 19 août)

Pour son huitième roman, Cécile Coulon plonge au cœur de la forêt d’Or, dans une demeure où plane le secret. L’histoire se déroule au XIXe siècle. Alors qu’Aimée, une jeune fille de 18 ans, rêve d’amour, elle rencontre Candre, "une âme pieuse et riche". Le garçon au visage triste lui plaît, ils se marient, elle emménage chez lui. Tâtonnant dans la vie intime, les deux âmes s’accordent et s’apprivoisent tandis que, autour d’eux, un bal de seconds et d’employés se met en branle. Face à la famille solaire et bienveillante d’Aimée, une multitude de personnages troubles tournent autour de la maison perdue dans les bois, brisant peu à peu le silence.

Grâce à un récit rythmé par de nombreuses péripéties, Cécile Coulon joue entre suspense et révélations pour donner lieu à un texte qui se lit d’une traite. Les personnages ne sont pas en reste puisque, loin de les stéréotyper, l’écrivaine leur offre une contradiction réaliste, propre au caractère humain. Elle les développe un par un, au fil d’un peu plus de 300 pages d’énigme.

Comme dans Une bête au paradis, son dernier roman, livre français préféré des libraires à la rentrée 2019 et prix Le Monde cette même année, Cécile Coulon s’attache à explorer la psyché de ceux dont la vie a été brisée. On retrouve notamment la figure de l’orphelin, l’empreinte que laisse une lignée, mais aussi cette volonté de chercher un espace isolé, protégé du reste du monde. Une quête qui deviendra peut-être un motif dans l’écriture de cette écrivaine de 31 ans dont les étagères sont déjà remplies par six prix littéraires.
 
Marc Dugain- Photo C.HELIE
La volonté, de Marc Dugain (Gallimard, 19 août)

"Alors que rien ne l’y aide, il veut laisser le souvenir de sa dignité : d’une voix éteinte, il demande que l’un d’entre nous se rende à la maison et en rapporte du champagne. Il veut mourir comme Tchekhov, sans vraiment le connaître, mais moi je sais qu’ils ont bien plus que cela en commun." Dans son roman, Marc Dugain rend hommage à son père, comme Amélie Nothomb et Sorj Chalandon. Confiné au bord des côtes bretonnes, il écrit le souvenir de son paternel, mort il y a trente-six ans.

La vie d’un père qui se voyait commandant sur un bateau avant que la maladie ne le rattrape dans sa jeunesse. Issu d’une famille de pêcheurs bretons, ce dernier contracte la polio, mais parvient à remarcher d’une jambe à l’aide d’une opération. "C’est le livre le plus personnel de Marc Dugain", précise le communiqué de l’éditeur.
 
L’auteur narre sur 284 pages le destin et la volonté de fer d’un homme du XXe siècle. Le personnage lutte pour sa réussite sous l’Occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale, puis en tant qu’expatrié en Nouvelle-Calédonie ou au Sénégal, et enfin dans son emploi d’ingénieur en recherche atomique à Grenoble.

Le récit dévoile également l’affrontement entre la figure du père et celle du fils. La difficulté de chacun pour trouver sa place près de l’autre. "J’ai failli le rater de peu. Au moment où je l’ai vraiment connu et compris, où je l’ai vraiment aimé, où enfin j’allais pouvoir profiter de lui et de son estime, on me l’a arraché, comme si ce que nous devions construire ensemble nous était interdit. Je me suis épuisé tout au long de mon adolescence à lui résister, tuer le père qu’il n’était pas et quand il s’est révélé être lui-même, il est mort pour de bon."
 
Thomas B. Reverdy- Photo J. STIGTER
Climax, de Thomas B. Reverdy (Flammarion, 18 août)

Après la sortie de son neuvième ouvrage, L’hiver du mécontentement (Flammarion), qui racontait le début d’un monde nouveau où l’économie devient sauvage et se libéralise jusqu’à l’extrême, Thomas B. Reverdy raconte la fin d’une société avec Climax.

Le 9 septembre, au creux d’un bras de mer dans le nord de la Norvège, un accident se produit sur la plate-forme pétrolière Sigurd. Un homme est tué, l’autre est grièvement blessé. C’est à cette occasion que Noah revient sur l’île. Il y retrouve son amour d’enfance, Ana, ainsi que ses anciens amis, dont Anders. Brouillés à cause d’une mauvaise expérience en montagne, les pensées des deux hommes s’entrechoquent entre problématiques écologiques et impératifs financiers.

Thomas B. Reverdy s’attache à décrire longuement ce pays de neige et de glace à la lumière éblouissante, "étirant les ombres au sol autour de lui jusqu’aux dimensions du paysage, découpant les falaises du fjord en facette d’ombres solides". Il lui offre une beauté digne pour mettre en évidence sa fragilité : la fonte du glacier, liée au réchauffement climatique. À ce texte réaliste l’écrivain adosse un récit épique à l’atmosphère Donjons & Dragons, jeu auquel Ana, Noah, Anders et les autres jouaient durant leur adolescence. L’histoire fantasy et celle au creux du fjord finissent par suivre le même sillon : celui d’un combat contre la fin du monde.

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