Édito par Fabrice Piault, rédacteur en chef

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C’est un peu un hasard, mais en fait pas tant que ça : ce sont des filles qui pourraient prendre, à plus ou moins longue échéance, la succession de leurs parents dans une demi-douzaine de maisons d’édition de toutes tailles. De L’Aube et Picquier à Glénat, Michel Lafon, Actes Sud et Madrigall, elles sont dix qui, pour certaines depuis plusieurs années, pour d’autres depuis quelques mois, s’efforcent de conquérir une légitimité dans la maison familiale. Un défi pour elles, mais aussi pour leurs parents. Si les P-DG en place ne veulent rien imposer à leur progéniture, ils ne se cachent pas d’espérer une succession qui leur permettrait de préserver l’indépendance et d’assurer la pérennité de leur entreprise.

Ce sont des filles parce qu’il n’y a pas de fils, ou parce que ces derniers sont plus jeunes. Mais finalement cette coïncidence qui voit émerger dans l’édition des héritières plutôt que des héritiers, et que nous mettons en lumière à la veille de la Journée de la femme, le 8 mars, correspond à un rééquilibrage engagé depuis plusieurs années dans le secteur. Longtemps les femmes, massivement présentes dans l’édition, et souvent elles-mêmes créatrices de maisons, étaient peu représentées dans les comités de direction et à la tête des grandes entreprises. Elles dirigent aujourd’hui des pans entiers du secteur.

Les principaux éditeurs scolaires, les trois premières collections de livres de poche, les plus grands éditeurs pour la jeunesse, les principales maisons de livres pratiques sont aujourd’hui dirigées par des femmes, tout comme une part importante des maisons de littérature. Seules les directions générales des maisons de bande dessinée, un secteur où les hommes sont encore largement majoritaires parmi les auteurs et les lecteurs, restent encore quasi imperméables à la féminisation de l’édition. Là, Charlotte Gallimard, P-DG de Casterman, fait figure d’exception. Jusqu’à quand ?

04.03 2016

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