Libraire à Paris, cofondateur de la revue Prétexte (1994-1999), Jean-Christophe Millois a déjà publié un roman, Les beaux jours (L’Olivier, 2003). Le voici de retour avec un autre texte, court, une novella, dans la petite collection "Plein feu" de chez Lattès, dont le concept serait, grâce au "regard de la fiction", de "révéler les folies du monde". Vaste programme.
Plus modestement, Jean-Christophe Millois a choisi le thème éternel du passage à l’adolescence, dans un contexte très contemporain : une ville de province, une famille décomposée-recomposée, des jeunes sans espoir qui font des bêtises. Et le moment où, pour l’un d’entre eux, Jacques, le héros, tout peut basculer.
Le samedi, à Aulboy, l’hiver, il n’y a pas grand-chose à faire. Si ce n’est, avec des potes, passer la soirée à l’Entrepôt, la boîte du coin. C’est ce qu’ont fait Jacques et sa copine Hélène, son béguin, sœur de son ami Bernie. Il y a aussi Georges. C’est lui qui a la voiture. Mais ce soir-là, c’est Bernie qui conduit. Les jeunes ont picolé, fumé des joints. Les voici arrêtés par les gendarmes, contrôlés positifs, emmenés au poste, où Jacques est récupéré par sa mère, furieuse. Pire, blessée. Infirmière, divorcée de Claude, un maçon qui a refait sa vie avec Marie et son fils Pierre, un ado, elle travaille dur, vit dans un lotissement, essaie d’élever son garçon de son mieux. Et le voilà qui part en vrille. Il a décidé d’arrêter le lycée, est censé chercher du boulot. La mère courage décide de réagir : elle envoie Jacques habiter avec son père, un type simple, carré, concret, qui est en train d’achever la nouvelle maison de Marsac où la famille va emménager dans une semaine. Il accepte, prié par Marie, que Jacques s’y installe seul, en attendant le déménagement. Une semaine de liberté, de farniente et de raviolis en boîte, pour réfléchir. Mais notre ami a un vélo, et, le soir, il va prendre un demi chez Béber, à Fongeret. C’est là qu’il tombe sur Fabio, Franck, Manu et deux filles, qui tentent de l’entraîner dans leur triste marginalité. Le jeune homme succombera-t-il à la tentation ? Jean-Claude Perrier