"Lorsque vous perdez le contrôle des prix, vous êtes condamné"

Arnaud Nourry : "Je suis en train de devenir schizophrène à propos du prix unique." - Photo Olivier Dion

"Lorsque vous perdez le contrôle des prix, vous êtes condamné"

Arnaud Nourry, P-DG d’Hachette Livre, était l’invité du "CEO Talk" organisé par Livres Hebdo avec le Business Club de la Foire de Francfort. Verbatims.

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Par Marine Durand,
avec Créé le 23.10.2015 à 02h03

Le "CEO Talk", coorganisé à Francfort par les magazines partenaires du "Classement Livres Hebdo de l’édition mondiale" en partenariat avec le Business Club de la foire, recevait cette année Arnaud Nourry après Markus Dohle (Penguin Random House) en 2013 et Brian Murray (HarperCollins) en 2014. Le P-DG d’Hachette Livre a été interrogé pendant une heure devant plus de 150 professionnels par les journalistes de Livres Hebdo, Publishers Weekly (Etats-Unis) The Bookseller (Royaume-Uni), Buchreport (Allemagne), PublishNews (Brésil) et Bookdao (Chine). Résumé en neuf phrases clés.

"Pour une grosse acquisition, il faudrait que je parle avec mon actionnaire, Lagardère, qui a déjà beaucoup investi dans l’édition. Mais nous resterons très actifs pour des acquisitions d’entreprises de taille moyenne. Les gens ne lisent pas plus de livres. Aussi, si nous voulons développer notre activité au profit de nos actionnaires, nous avons besoin de faire des acquisitions."

"Je ne vais pas me positionner sur le marché de l’éducation aux Etats-Unis. C’est un gros secteur, avec seulement trois gros acteurs. En revanche, j’aimerais développer ce marché au Royaume-Uni. En France, nous sommes bons dans la fiction très littéraire, mais nous pourrions nous tourner vers du plus commercial."

"Nous avons appris de l’industrie de la musique, et de la presse, que lorsque vous perdez le contrôle sur le prix des contenus, vous êtes condamné. Je suis pleinement satisfait du contrat d’agence, et je suis heureux qu’il y ait un consensus entre les principaux éditeurs de façon à ce que nous gardions le contrôle."

"On a l’habitude de se concentrer sur Amazon, mais par certains aspects, Google est encore plus agressif, en proposant du contenu gratuitement, alors qu’Amazon est un détaillant."

• "Ma plus grosse préoccupation est le marché unique numérique que souhaite créer la Commission européenne. Il y a des lois en France, au Royaume-Uni, ou dans d’autres pays en faveur de la librairie, de l’éducation. Pourquoi vouloir changer ça ? Je crois qu’en arrière-plan il faut y voir un nouveau round de la guerre entre les grandes sociétés américaines et l’Europe."

• "Je suis en train de devenir schizophrène à propos du prix unique: quand je suis en France, je pense que c’est le meilleur système. Puis je prends l’Eurostar et j’arrive au Royaume-Uni, et je constate que leur système fonctionne aussi."

• "L’autoédition, c’est le contraire de mon travail. Nous, nous recevons des manuscrits et décidons si, oui ou non, nous voulons investir dessus. Parfois, les éditeurs se trompent, comme avec Fifty shades of Grey, mais même E. L. James a voulu avoir une maison d’édition classique. Je ne suis pas en compétition avec l’autoédition et elle ne changera rien à ma façon de travailler."

• "D’ici trois à cinq ans, nous serons présents au Brésil."

• "Nous savions dès le départ qu’il serait difficile de développer un marché dans le monde arabe, mais avec la librairie Antoine, nous avons le bon partenaire dans la région, et nous avons aussi une filiale au Maroc. Plusieurs centaines de millions de personnes parlent cette langue, nous devons continuer à apprendre. C’est un investissement dans la durée." M. D.

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