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Manosque, terre de livres

Javier Cercas en signature aux 27èmes Correspondances de Manosque, le 27 septembre 2025 - Photo © ED

Manosque, terre de livres

La 27e édition du festival des Correspondances de Manosque s'est clôturée avec une belle affluence du public, mais des ventes de livres en baisse, alors que la cité du Lubéron se lance dans la course à l'obtention du label de « ville créative » par l’Unesco.

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Par Éric Dupuy
Créé le 28.09.2025 à 23h31

Du profond Javier Cercas au plus léger Raphaël Quenard, de l’expérimenté Emmanuel Carrère à la jeune Gabrielle de Tournemire, une quarantaine d’auteurs ont animé les places et ruelles de Manosque à l'occasion des 27e Correspondances, organisées du 24 au 28 septembre.

Des ventes de livres en baisse

Sous le soleil et la fraîcheur des premiers jours d’automne, tous les rendez-vous ont trouvé leur public au complet, qu'il s'agisse des lectures payantes du soir ou des rencontres gratuites en journée, permettant de tabler sur une participation stable d’environ 15 000 visiteurs.

Les séances de signatures qui ont suivi les échanges ont été dans l'ensemble moins performantes que l'an dernier. Cette année, trois librairies de la ville se sont partagé les espaces de ventes. Avec un espace en moins mais celui de la place de la mairie doté d'une plus grande scène, la librairie Le Petit Pois a écoulé 50 % de livre en moins par rapport à 2024, avec 370 copies de 41 titres sur les 45 de la programmation.

Constat de baisse également pour l'autre enseigne, l'Arbousier, qui détenait deux espaces de ventes. Les derniers jours de l'apesanteur, de Fabrice Caro (Gallimard), s'est écoulé près de deux fois plus que Kolkhoze d'Emmanuel Carrère (P.O.L) et Et toute la vie devant nous, d'Olivier Adam (Flammarion), cofondateur du rendez-vous en 1999 et sur le podium des meilleures ventes du Petit Pois.

Nathacha Appanah
Nathacha Appanah en signature aux Correspondances de Manosque, le 26 septembre 2025- Photo © ED

Malgré ces résultats de ventes libraires décevants et alors que la conjoncture est à la baisse drastique des subventions pour les manifestations culturelles, le rendez-vous de Manosque préserve pour le moment ses financements, avec un budget global dépassant les 450 000 euros, financé par la Fondation La Poste et, pour un quart, par la collectivité territoriale et la mairie.

« On se sent vraiment soutenu par la municipalité qui fait également un gros travail de redynamisation du centre-ville qui en avait bien besoin », confie Olivier Chaudenson, codirecteur et fondateur du rendez-vous qui raconte que depuis 1999, l’objectif réussi est « d’intégrer la littérature, les lettres et les écritures au sein de la cité dont les places et les rues forment un écrin merveilleux ».

Emmanuel Carrère
Emmanuel Carrère en discussion aux Correspondances de Manosque, le 27 septembre 2025- Photo © ED

La mairie, qui s’est également engagée dans un programme de valorisation de l’œuvre de Jean Giono (lire par ailleurs), compte sur l’aura des Correspondances pour faire valoir sa candidature au label de « ville créative » de l’Unesco, dans la catégorie littérature.

À Manosque, un écosystème autour du livre

Le maire (LR) de l’agglomération de 25 000 habitants, Camille Galtier, estime que cette distinction constituerait « une reconnaissance du travail qui est fait depuis 25-30 ans » autour du livre.

En plus des Correspondances ou de la maison Giono, tout un écosystème autour du livre s’est développé dans la cité de la Durance, avec l’association Éclats de lire, l’ouverture d’une deuxième médiathèque, une bibliothèque sonore et toujours trois librairies indépendantes dans la cité, malgré la fermeture de celle spécialisée en BD Forum BD, au mois de mars dernier.

« Je ne suis pas certain qu’en France il y ait beaucoup de cas comme cela pour des villes de cette taille », claironne l’édile. Une cinquantaine de villes sont labellisées ville créative par l’Unesco dans la catégorie littérature depuis 2004, de Rio de Janeiro à Ljubljana en passant par les françaises Angoulême (depuis 2019) et Lyon (depuis 2008). « Cela ne va pas apporter de moyens mais une visibilité et une reconnaissance », explique l’élu qui considère « qu’il n’y a plus d’argent » public et qu'il « faut donc faire autrement ».

Laurent Gaudé
Laurent Gaudé lors d'une rencontre aux Correspondances de Manosque le 26 septembre 2025- Photo © ED

Face à la baisse généralisée de la lecture, la mairie développe des initiatives. Dernièrement, elle a élargi à l’agglomération de communes son dispositif de distribution de L’Homme qui plantait des arbres, de Jean Giono (Gallimard), aux élèves de CM2. « Est-ce qu’on résiste ou on se résigne ? philosophe Camille Galtier. S’il y a un effort à faire sur le budget de la lecture, c’est bien sur la littérature, notamment parce que les montants sont moins importants que dans d’autres industries culturelles », justifie-t-il.

Fab Caro Joël Saget
Fabrice Caro en séance photo avec Joël Saget, de l'Agence France Presse, à Manosque le 26 septembre 2025- Photo © ED

Reconnaissance ou non de la ville par l’Unesco, les Correspondances de Manosque sont assurées de perdurer ces prochaines années, marquant la résilience d’une filière face aux difficultés conjoncturelles.

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