FIBD 2024

Marie Fabbri : « La France est un carrefour international pour le 9e art »

Avant d'être responsable du MID, Marie Fabbri est passée par les éditions Steinkis, Dargaud, Kana et Ankama. - Photo Rémi Déprez

Marie Fabbri : « La France est un carrefour international pour le 9e art »

À la tête du Marché international des droits (MID) du Festival d’Angoulême depuis quatre ans, Marie Fabbri revient, pour Livres Hebdo, sur les évolutions de ce rendez-vous des professionnels et sur ses nouveautés pour l’édition 2024 qui s'ouvre mercredi 24 janvier. 

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Par Élodie Carreira
Créé le 23.01.2024 à 15h37

Livres Hebdo : Vous êtes à la tête de marché des droits du Festival d’Angoulême depuis quatre ans. Comment l’avez-vous vu évoluer ?

Marie Fabbri : Dès mon arrivée, en 2020, nous avons doublé la taille du marché international des droits, grâce au soutien de la région Nouvelle-Aquitaine. Aujourd’hui, le MID dispose de 1 000 m². La même année, nous avons instauré une journée professionnelle, le mercredi, axée sur les cessions de droits audiovisuels. En créant un événement dédié, nous avons réussi à attirer de nombreux producteurs. À cela s’est ajouté, en 2022, l’événement Shoot the Book!, organisé par la Scelf (Société civile des éditeurs de langue française) et qui permet à des éditeurs, sur plusieurs manifestations, de pitcher leurs ouvrages auprès de professionnels de l’audiovisuel. Bien sûr, la cession de droits étrangers reste l’ADN du MID, mais l’augmentation du nombre d’adaptations de bande dessinées est un gros enjeu à prendre en compte.

La production éditoriale française de bande dessinée rencontre un grand succès à l’international. Comment le phénomène va-t-il s’illustrer sur le MID cette année ?

Depuis longtemps, la France a la particularité d’être une sorte de carrefour international pour le 9e art, et la BD française est le segment le plus cédé sur le marché. Mais il n’y a pas que la production éditoriale française qui attire. Le savoir-faire de la gestion des droits à la française est très attractif à l’international. De plus en plus d’auteurs étrangers produisent des albums pour les éditeurs français, mais leur confient aussi l’intégralité de leurs droits. C’est le cas d’auteurs de pointe comme Miyazaki, qui a donné tous les droits du Voyage de Shuna à la maison Sarbacane. C’est pourquoi nous avons décidé d’organiser une conférence sur l’attractivité française dans la gestion des droits monde d’auteurs et d’autrices internationaux.

 « Le savoir-faire de la gestion des droits à la française est très attractif à l’international »

Alors que l’art canadien avait été célébré l’année dernière, à travers l’exposition consacrée à Julie Doucet, Grand Prix 2022 du FIBD, c’est désormais le pays, dans son ensemble, qui est mis à l’honneur. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?

La délégation canadienne est arrivée sur le MID en 2021, lors d’une édition dématérialisée. L’année suivante, nous avons mis à l’honneur son 9ᵉ art, avec plus de stands et une exposition dédiée. Aujourd’hui, après quatre ans de travail conjoint et plusieurs échanges avec le gouvernement canadien, nous avons souhaité visibiliser encore plus la production éditoriale canadienne. C’est pourquoi il y aura une nouvelle exposition et un pavillon dédiés, autour desquels se tiendront des animations et des échanges professionnels. Mais le Canada n’est pas le seul pays amplement représenté. En deux ans de présence, les Coréens ont réussi à devenir très visibles grâce au webtoon. Ils ont d'ailleurs réuni une vingtaine d’éditeurs sur leur stand, cette année. Invitées pour la première fois, les Philippines ont aussi une diversité éditoriale époustouflante. Elles ont parfaitement assimilé les codes du manga et proposent des choses tout à fait qualitatives !

Dans la description du MID, il est aussi question d’intelligence artificielle. Comment cet outil, qui alimente tous les débats depuis des mois, va-t-il figurer sur le marché professionnel ?

Je crois qu’il ne faut pas tourner le dos à ces nouvelles technologies. Elles offrent des possibilités grandioses même si, évidemment, elles ne doivent pas remplacer le travail des auteurs. Sur le marché des droits, nous avons programmé la conférence « 9ᵉ Art et expériences immersives » qui explore, justement, la façon dont les nouvelles technologies peuvent permettre la création d’expériences immersives. Et donc servir d’outil aidant. Par exemple, un spectacle plongera les participants dans l’univers SF de la BD Shangri-La de Mathieu Bablet. Ils recevront notamment des messages sur leur téléphone et verront des écrans bouger tout autour d’eux. Un autre projet, qui permet de rendre accessible une bande dessinée aux personnes malvoyantes en décomposant les différentes planches qui la composent, sera aussi évoqué.

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