La goutte d'eau. Ce roman choral se déroule dans un quartier parisien sur une année entière, découpée en quatre saisons, de l'automne à l'été. Trois personnages solitaires, qui se partagent la narration, se rencontrent progressivement dans ou vers leur immeuble. Il y a l'étudiante qui vient tout juste d'emménager ; la vieille dame, une octogénaire qui vit au dernier étage depuis cinquante-huit ans ; et puis il y a l'homme du rez-de-chaussée, qui voudrait bien quitter son appartement d'où il ne voit ni le soleil ni le ciel.
Tout commence par la décision hâtive de la jeune femme de s'installer, sans faire d'état des lieux et sans rien dire à son entourage, dans un appartement proche de son université et du Jardin des plantes. Après six années d'études, elle a décidé de postuler comme vendeuse dans une droguerie - quand elle était petite, elle craignait toujours que sa grand-mère soit arrêtée par la police lorsqu'elle se rendait à la droguerie, jusqu'à ce qu'elle comprenne que ce n'était qu'un simple magasin de bricolage, un bazar. Le lendemain de son emménagement, elle découvre une goutte d'eau sur le mur, qui trace un chemin depuis l'appartement du dessus jusqu'aux plinthes. Fascinée par cette goutte, elle suit son évolution chaque jour même si elle n'ose rien dire à la propriétaire pour ne pas créer de problème, notamment à sa voisine, une vieille dame qu'elle aime beaucoup et qu'elle appelle « Mademoiselle ». Cette histoire de fuite d'eau devient le point de départ des liens qui vont se nouer entre les personnages du roman. La vieille dame n'avait pas eu d'enfants, et sa solitude s'est amplifiée à la mort de son neveu Germain, qui avait pris l'habitude de lui rendre visite régulièrement. Depuis, elle lui adresse ses pensées, comme s'il était toujours là : « quelques gouttes [...] tombent sous le gros tuyau. C'est pas bien méchant. Tu l'aurais réparé si tu avais été là. Ça a commencé à fuir quand tu es parti [...]. Je n'ai pas vu tout de suite l'eau sous le radiateur. J'ai mis un tapis pour qu'elle ne passe pas chez la voisine du dessous. Je pense que ça a marché, elle me l'aurait dit. » Germain était ami avec Richard, un ancien torréfacteur qui travaille à la droguerie avec l'étudiante. Ces deux-là s'entendent à merveille. Elle le fait rire et l'allège de cette solitude qui lui ôte tout désir. Bientôt, elle l'emmène chez Mademoiselle pour qu'il répare la fuite d'eau.
Dans Faire sans, Marie Maher compose une intrigue simple et poétique, un brin absurde, dans laquelle se tisse une histoire commune entre trois sujets d'abord isolés, qui semblaient quasiment prêts à abandonner toute forme d'interaction intime. Les trois personnages, chacun pris dans sa singulière étrangeté, parviendront finalement à rendre leur quotidien plus léger, plus joyeux, et à retrouver, ensemble, un apaisement certain.
Faire sans
Alma éditeur
Tirage: 2 000 ex.
Prix: 16,50 € ; 108 p.
ISBN: 9782362796364