« Dès qu'une sensation de bien-être me remue et m'anime et que je souhaite me dépenser et éprouver la souplesse de mes nerfs, il m'arrive de vouloir mimer, d'essayer de reproduire au plus près, le mouvement du revers de Richard Gasquet. » La première phrase est engageante. La suite ne déçoit pas.

Jean Palliano déroule l'itinéraire de ce surdoué classé parmi les dix meilleurs joueurs mondiaux, « le petit Mozart du tennis français » qui gagnait presque tout avec son « tennis champagne ». Et puis il y eut les chutes, les blessures, le manque d'entrain et un contrôle à la cocaïne.

Le « voile léger de mélancolie et de mystère » se fit plus épais autour du jeune prodige. Mais il n'en demeure pas moins une question qui traverse cet essai : c'est quoi avoir du talent au tennis ? Les réponses se trouvent dans les matchs contre Federer, Murray ou Roddick dans lesquels Gasquet montre qu'il est aussi capable de panache dans la défaite.

David Foster Wallace considérait certains coups de Federer comme une « expérience religieuse ». Jean Palliano n'est pas loin de cette extase lorsqu'il raconte les tournois comme des combats de titans. Pourtant, il s'agit moins du livre d'un fan que d'un livre subtil sur le geste sportif qui se souvient d'un temps où l'élégance l'emportait sur la force.