A la tête de Lannoo, le plus gros groupe de Belgique (75 M€ de CA), Matthias Lannoo, édite à la fois en néerlandais (85 % des nouveautés), en anglais et en français. Il explique les défis auxquels un éditeur belge doit faire face.
Comment se porte le marché ?
Le marché francophone est très difficile, le flamand a connu aussi une année difficile en 2018 pour une grande partie à cause de la nouvelle loi relative au prix du livre réglementé depuis le 1er juillet 2017. Le marché aux Pays-Bas, par contre, se porte très bien, mais nos activités internationales connaissent la plus grande croissance (droits étrangers, coéditions internationales, exportation). C'est toute la complexité de l'édition en Belgique. Notre marché trop petit nous oblige à penser international. Nos collaborateurs parlent 3 à 4 langues.
Vous avez un peu plus de recul sur la mise en place du prix unique puisqu'il a été introduit dès 2017 en Flandre. Quel est le bilan ?
Nous avons perdu des parts de marché notamment dans les hypers. Avec la fédération des éditeurs flamands, nous avons écrit au ministère, chiffres GFK à l'appui, pour montrer le côté néfaste de cette réglementation. Car même si au bout de six mois le prix est libre, les grandes surfaces ne veulent pas faire d'opération sur des titres qui ne sont pas des nouveautés.
A l'heure de l'Europe, est-il facile d'être sur trois pays frontaliers ?
On se heurte au manque d'uniformisation des taux de TVA. En Belgique, il est de 6 % quand en France il est de 5,5 %. Aux Pays-Bas, la TVA est passée de 6 à 9 % au 1er janvier dernier, ce qui nous oblige à pratiquer désormais deux prix différents hors TVA. Il reste des progrès à faire pour dessiner l'Europe du livre.