Essai/France 10 avril Serge Sanchez

Après les objets fétiches de nos grands écrivains (La lampe de Proust, Payot, 2013), le journaliste Serge Sanchez a appliqué la même méthode à leurs animaux, de papier ou dans la vie réelle. Les papillons dont Nabokov était grand spécialiste, le ciron, dont Pascal se sert pour démontrer l'insignifiance de l'homme dans l'univers, ou à ce homard, au moment de passer à la casserole, qui impressionne Flaubert. Ce qui donne à Serge Sanchez l'occasion de lui faire croiser Henri Michaux et son bestiaire délirant. On se promène aussi au Jardin des Plantes, avec Bernardin de Saint-Pierre, qui en fut brièvement l'intendant sous la Terreur, Cuvier et sa girafe, arrivée d'Egypte, ou Victor Hugo avec ses petits-enfants.

Il y a également dans ce recueil quelques sujets plus graves, comme l'histoire littéraire de la bactérie de la peste, de Boccace à Camus, ou l'affirmation par Montaigne que l'homme n'est en rien supérieur aux animaux et qu'il doit les traiter comme ses égaux, sans cruauté. Faute de quoi, conclut Sanchez, ils disparaîtront de la planète, comme les vertébrés sauvages (- 60 % entre 1970 et 2014), les insectes, les oiseaux, et même les végétaux. Montaigne serait sûrement aujourd'hui militant écologiste.

Serge Sanchez
Le homard de Flaubert et autres animaux de la littérature
Grasset
Tirage: 4 000 ex.
Prix: 19 euros ; 240 p.
ISBN: 9782246855217

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