Photo PHOTO DIDIER PRUVOT © FLAMMARION

Il y a des noms lourds à porter. Ainsi, quand on se nomme Surcouf, difficile d'être receveur des postes en Lozère. On attend de vous un parcours plus aventureux. En l'occurrence, avec Erick, on n'est pas déçu. Même s'il ne se revendique pas comme un "loup de mer", l'arrière-arrière-arrière-petit-neveu du "Roi des corsaires" a de qui tenir. "Je suis né à Paris en 1948, raconte notre Surcouf, et je n'ai pas couru les grèves de Saint-Malo. Mais, depuis tout gosse, j'ai baigné dans cette histoire familiale. »

Descendant direct de Noël, le plus jeune et le moins "médiatisé » des quatre frères Surcouf, Erick est quand même membre, entre autres organismes, de l'Association des descendants de capitaines corsaires et de la Commission française d'histoire maritime. Plus ou moins autodidacte, il a commencé par bourlinguer, par exercer "1 001 métiers avouables", avant de "s'assagir ». Expert en audiovisuel formé à l'Ucla, flairant les domaines porteurs, il crée dès 1976 Surcouf Productions, une agence de photographes, illustrateurs et roughmen pour le marché publicitaire. Il gagne pas mal d'argent, fait la fête, mais quelque chose dans sa vie ne le satisfait pas. "Le bonheur, dit-il, c'est de réaliser à l'âge mûr ses rêves d'enfance." Alors, ce passionné d'ésotérisme, fasciné par tous les mystères des civilisations disparues - il est certain que l'Atlantide a bien existé et assure savoir où la situer -, laisse tout tomber pour se lancer dans l'archéologie sous-marine, la chasse aux trésors. Mais "à l'américaine". C'est-à-dire privée, financée sur ses propres deniers et ceux de quelques sponsors, car ce genre d'expédition exige "des moyens énormes". Et même s'il avoue ne pas avoir trouvé "le trésor de [ses] rêves », même si, depuis trente ans, il recherche, comme tant d'autres, le mythique Soleil d'Orient - un vaisseau envoyé en ambassade par le roi du Siam à Louis XIV, qui a sombré au large de Madagascar à la fin de 1681 avec sa cargaison d'épices et de diamants -, Erick Surcouf s'est quand même bien amusé, et a mis au jour une dizaine d'épaves. Dont, "en mer de Java, celle d'un bateau chinois de la dynastie Ming, époque Wanli, chargé de 70 000 assiettes de porcelaine bleu et blanc ». Les connaisseurs apprécieront. Aujourd'hui, grâce à l'équipe d'archivistes et de scientifiques qui travaillent pour Surcouf Group, dont il est le président, Erick s'est tourné vers les trésors terrestres. Il est en train de monter, pour l'année prochaine, une expédition en Amérique du Sud. Naturellement, on n'en saura pas plus, sans quoi l'un de ses concurrents pourrait lui souffler quelque chose comme le trésor des Incas...

Conteur et aventurier. Erick Surcouf est un aventurier moderne, façon Indiana Jones ou Sydney Fox. Et aussi un formidable conteur. Dès 1992, alors qu'il n'avait écrit que deux ou trois livres factuels sur les pirates et les trésors, une certaine Françoise Verny, éditrice chez Flammarion, s'en était aperçue, qui lui avait commandé son autobiographie, La mer en héritage, parue chez Arthaud. En bon businessman, il avait négocié un à-valoir important, fait "une promo d'enfer", et le livre avait plutôt bien marché. Ensuite, il a récidivé, explorant ses trois veines de prédilection : les trésors engloutis, les arcanes de l'ésotérisme et, bien sûr, la vie de son arrière-arrière-arrière-grand-oncle.

Erick lui a consacré une biographie, Surcouf l'invincible, Roi des corsaires, parue au Rocher en 2009, où il recadre un peu le mythe : "Surcouf n'a navigué que sept ans, avant de devenir un riche armateur et baron d'Empire", dit-il. L'année prochaine, paraîtra, chez 12 bis éditions, une bande dessinée réalisée à partir de son livre par le scénariste Arnaud Delalande et le dessinateur Guy Michel, un peu dans l'esprit des fameuses Belles histoires de l'oncle Paul, vedette du Spirou des temps héroïques. Les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître, quoique. "Après cela,il y aura un film sur Surcouf, puis j'arrête ! » jure Erick.

En attendant, le voici de retour chez Arthaud, avec Trésors terrestres et sous-marins, un bel album qui mêle histoire, légendes et aventures, trésors célèbres ou inconnus du profane. Les plus intéressants étant, forcément, ceux qui restent à découvrir. Comme l'épave susmentionnée du Soleil d'Orient, le trésor de l'île de la Dominique, "un tas de lingots d'argent aussi haut qu'un homme à cheval", ou encore l'or de l'empereur Atahualpa : 690 tonnes de métal pur, des bijoux, des pierres précieuses... Howard Carter a bien découvert le trésor de Toutankhamon, Schliemann celui d'Agamemnon, et Tintin celui du Temple du Soleil. Pourquoi Surcouf, tout à son rêve, ne trouverait-il pas l'Atlantide ?

Trésors terrestres et sous-marins, Erick Surcouf, Arthaud, 192 p., 39 euros, ISBN : 978-2-08-124339-2, mise en vente le 19 octobre.

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