Disparition

Mort de Tom Wolfe, auteur du "Bûcher des vanités" et inventeur du "Nouveau journalisme"

Tom Wolfe - Photo Mark Seliger/Robert Laffont

Mort de Tom Wolfe, auteur du "Bûcher des vanités" et inventeur du "Nouveau journalisme"

Le journaliste, chroniqueur et romancier américain s’est éteint lundi à 88 ans dans un hôpital de Manhattan, après avoir été hospitalisé pour une infection.

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Par Sophie Gindensperger
Créé le 15.05.2018 à 21h00

L’auteur d’Acid test et du Bûcher des vanités s’est éteint lundi à 88 ans dans un hôpital de Manhattan, après avoir été hospitalisé pour une infection.

L’homme, connu pour son style littéraire, l’était aussi pour son look, qu’il décrivait comme “néoprétentieux”: sa grande silhouette dans son trois-pièces sur mesure blanc impeccable, son mouchoir à la poche et ses chaussures blanches qu’il avait dessinées lui-même.

Originaire de Virginie et fils du rédacteur en chef d’une revue agricole conservatrice, il préfère la Washington and Lee University, plus proche de chez lui, à Princeton, où il est aussi admis. Il est diplômé cum laude en 1951. Il décide de devenir journaliste, travaille dans un journal local du Massachussetts avant d’être embauché au Washington Post et se démarque par sa couverture de Cuba en 1961.

Nouveau journalisme

Il rejoint le New York Herald Tribune comme reporter en 1962, où il sera encouragé à casser les conventions de l’écriture journalistique. Wolfe est considéré comme l’un des pionniers du “nouveau journalisme”,  style qu’il a théorisé pour la première fois dans une anthologie publiée en 1973 sous le titre “The New Journalism” et réunissant aussi bien des articles de lui-même que de Truman Capote, Joan Didion, Hunter S. Thompson ou encore Norman Mailer. Un style qui se définit par une écriture très littéraire, alliée à la minutie des enquêtes, et à l’emploi fréquent de la première personne du singulier.

Entre 1965 et 1981, Tom Wolfe a écrit neuf essais. Le plus connu, The Electric Kool-Aid Acid Test,en français Acid test, publié en 1975 au Seuil, raconte son reportage à travers la Californie dans le sillage de Ken Kesey et de son groupe, les Merry Pranksters, alors qu'ils parcourent les États-Unis dans un autobus scolaire couvert de peinture fluorescente, parvenant à la révélation personnelle et collective à travers la consommation de LSD et d'autres drogues psychédéliques. Il marque ainsi une page de l’histoire des sixties.

Best-seller mondial

D’autres incontournables suivront, pas toujours très bien accueillis par l’intelligentsia new-yorkaise: Le Gauchisme de Park Avenue, L’étoffe des héros, un essai sur les pionniers de la conquête spatiale (chez Folio), et Il court, il court, le Bauhaus, sur l'architecture.

C’est en 1987 qu’il publie son premier roman, Le bûcher des vanités, chronique de la vie new-yorkaise dans les années 1980. Il raconte comment, après avoir renversé un jeune Noir dans le Bronx, Sherman McCoy, un riche yuppie de Park Avenue, voit son univers s'effondrer. Cette description au scalpel de la ville de New York, ses tensions raciales, son fossé entre riches de Wall Street et les pauvres du Bronx, le tout avec un humour à faire grincer des dents, lui apporte une consécration mondiale. Le roman est adapté en film par Brian de Palma en 1990. Suivront Un homme, un vrai, en 1998, Moi, Charlotte Simmons, en 2004, et Bloody Miami, en 2012, tous chez Robert Laffont.

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