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Nouveau western

Nouveau western

Des cow-boys, des Indiens, des chevaux, des colts et des bisons, la conquête de l’Ouest, des nuages sur la plaine. Dans Faillir être flingué, Céline Minard s’attaque à la diligence du récit de genre.

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Par Olivier Mony
avec Créé le 11.10.2013 à 19h48 ,
Mis à jour le 11.10.2013 à 23h52

Céline Minard- Photo VÉRONIQUE ELLENA

Un western. Et quoi encore ? Justement, si Faillir être flingué, le nouveau roman de Céline Minard, est l’une des plus intrigantes et stimulantes des propositions littéraires de ces derniers temps, c’est parce que, en plus d’être résolument fidèle à son programme de départ (un western, donc), il est aussi ouvert à toutes les occurrences créatives, tous les quant-à-soi de ses futurs lecteurs? C’est un « work in progress » qui s’offre et se révèle tout en s’opacifiant. Bref, cette histoire d’Indiens et de cow-boys, c’est Guyotat qui tape la causette avec Buffalo Bill, Susan Sontag adaptée par John Ford… Ne nous y trompons pas, Céline Minard, plus maîtresse des illusions que jamais, est bien loin de ces petits malins postmodernes, éblouis par leur propre virtuosité jusqu’à en oublier leurs lecteurs. Elle fait le boulot. On le sait depuis Olimpia (Denoël, 2010) ou Le dernier monde (Denoël, 2007), le récit de genre ne relève pas chez elle des figures imposées, mais est constitutif de son projet littéraire, de son rapport au monde (puisqu’il n’est que fictions, pourquoi se gêner ?) et au livre. C’est encore plus vrai ici, dans une fluidité narrative que l’on ne saurait appeler autrement que maîtrise…

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Ce serait donc, quelque part dans l’ouest, lorsque les horizons n’étaient pas encore perdus pour tout le monde, l’histoire d’une fille qui s’appelle Eau-qui-court-sur-la-plaine, une Indienne sans famille ni tribu, un peu guérisseuse, un peu chamane. Hasard ou nécessité, sa route va croiser celle d’autres personnages, tous comme en quête d’un destin, d’une histoire, d’un chagrin, d’une résolution. Il y a des voleurs, des chevaux, des voleurs de chevaux, des chariots, une musicienne, deux frères, des espaces infinis et, de temps en temps, la mort qui vient faire un tour. Céline Minard mène son affaire avec une autorité qui force l’admiration. Elle est tour à tour peintre, géographe, géomètre et magicienne. En d’autres termes, romancière. Son livre réaffirme le primat en la matière de l’impureté, d’un métissage narratif. Bien sûr, l’Ouest c’est beaucoup plus que l’ouest. Ce monde qui bascule entre le nouveau et l’ancien, entre la rationalité et la croyance, ces longs voyages vers plus loin que nulle part, sont aussi la métaphore de l’art du roman. Joli travail. Joli travail aussi de la part des éditions Rivages « relookées » par leur nouveau propriétaires, Actes Sud, et dont le Céline Minard inaugure une collection de littérature française contemporaine. Il est des choix parfois qui résonnent comme des manifestes… Olivier Mony

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