Phénomène : Piketty, le Frenchy de l’économie

Phénomène : Piketty, le Frenchy de l’économie

Paru en septembre 2013, Le capital au XXIe siècle de Thomas Piketty se retrouve sous les feux de l’actualité économique et flambe dans les librairies, en France comme à l’étranger.

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Par Claude Combet,
avec Créé le 08.05.2014 à 19h32 ,
Mis à jour le 23.04.2015 à 10h06

C’est un pavé de près de 1 000 pages, sur un sujet ardu - l’économie -, paru il y a huit mois : contre toute attente, Le capital au XXIe siècle de Thomas Piketty est devenu un phénomène mondial. Le Seuil l’a tiré à 60 000 exemplaires depuis septembre, mais le retour de l’auteur d’une tournée américaine tonitruante a relancé la presse et le livre, si bien que l’éditeur en a vendu à nouveau 15 000 en une semaine. Il vient de le réimprimer à 30 000 exemplaires.

La thèse de Piketty - remettre la question de la répartition au cœur de l’analyse économique - a de quoi séduire en période de crise. Pour Thomas Piketty, le capital capte une part toujours plus importante des revenus au détriment des salariés et, si le système continue, cette répartition inégale des richesses va continuer de se creuser au détriment de la croissance. Chiffres à l’appui : en 2012, 1 % des Américains les plus riches concentraient 22,5 % du revenu national, ce qu’on n’avait jamais vu depuis soixante-dix ans.

Le sérieux de l’auteur, directeur d’études à l’EHESS et professeur à l’Ecole d’économie de Paris, est incontestable. Pour étayer son propos, il a rassemblé nombre d’études portant sur le long terme (les revenus américains de 1913 à 1948), mais aussi sur un large spectre géographique, de la France aux Etats-Unis, en passant par l’Allemagne, l’Espagne, le Japon, l’Inde et la Chine. Mais ce qui intéresse Thomas Piketty, c’est l’Europe obsédée "par la dette publique alors qu’on est le continent avec le plus grand patrimoine privé du monde et le ratio patrimoine-revenu le plus élevé depuis plus d’un siècle. L’Europe est riche, ce sont ses gouvernants qui sont pauvres", martèle-t-il, apportant une lueur d’espoir à la veille des élections européennes.

Vendu dans 25 pays, Le capital au XXIe siècle a été publié le 10 mars aux Etats-Unis par Harvard University Press avec un accueil triomphal : le tirage global de la version américaine du livre atteint 200 000 exemplaires, prenant la première place du palmarès d’Amazon. Piketty a fait la une de tous les journaux, du New York Times au New Yorker. Il a débattu à l’Onu avec les Nobel Joseph Stiglitz et Paul Krugman, qui a qualifié l’ouvrage de "livre économique le plus important de l’année et peut-être de la décennie". En Allemagne, il a fait la une de l’hebdomadaire Der Spiegel. "A star is born", a écrit Le Figaro. Au point qu’on murmure son nom pour le prochain prix Nobel d’économie.

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