Premiers romans : pourquoi ceux-là ?

Christophe Boltanski, La cache, Stock. - Photo Julien Falsimagne

Premiers romans : pourquoi ceux-là ?

Cinq auteurs d’un premier roman ont émergé à la rentrée 2015 grâce à la qualité de leurs écrits, mais pas seulement. S’il reste imprévisible, le succès résulte d’un juste équilibre entre les différents prescripteurs.

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Par Anne-Laure Walter,
avec Créé le 11.12.2015 à 01h03

"Ce n’est pas une science exacte, mais ce ne sont pas n’importe quels premiers romans qui se distinguent. Il faut une force narrative, une présence de l’auteur et une capacité à parler de son travail", constate Manuel Carcassonne. Le P-DG de Stock est l’éditeur du premier roman le plus remarqué de cette rentrée : La cache de Christophe Boltanski, couronné par le Femina, sorti à ce jour à 70 000 exemplaires. Il figure depuis huit semaines dans notre palmarès Livres Hebdo/GFK des meilleures ventes de romans où sont également apparus les premiers romans de Sophie Daull, Alexandre Seurat, Xavier Durringer et Valérie Nivet-Doumer.

Sophie Daull, Camille, mon envolée, Ph. Rey.- Photo DR/PHILIPPE REY

Découvertes littéraires, ces cinq titres ne sont pas des textes faciles par leur forme ou par leur sujet. Un roman sur le martyre d’une enfant (La maladroite), la mort d’une fille unique (Camille, mon envolée) ou le sentiment d’abandon suite à l’arrivée d’un frère adoptif (Le préféré) ne peuvent pas être mis dans toutes les mains. "Pour dire notre engagement, nous n’avons publié que ce titre à la rentrée, raconte Sylvie Gracia au Rouergue à propos de La maladroite. J’ai même envoyé un mail assez direct aux libraires en leur disant : "Les feel-good books, ça suffit !"" Un parti pris qui a payé puisque le roman d’Alexandre Seurat en est à 19 000 sorties, "du jamais-vu pour un de nos premiers romans", affirme-t-elle. Manuel Carcassonne s’est aussi investi pour La cache, avouant "avoir harcelé tout le monde avec ce texte : les équipes commerciales, la presse, les jurés".

Les libraires, qui se sont emparés de ces romans en amont, en ont été les premiers ambassadeurs. Valérie Nivet-Doumer rejoint les meilleures ventes suite à la chronique sur LCI de Lydie Zannini de la librairie du Théâtre à Bourg-en-Bresse. Le Passage comme Philippe Rey, qui font une présentation conjointe aux libraires en mai, ont tout de suite senti leur premier roman prendre auprès de ces prescripteurs. "Dès le lendemain de la réunion libraires, une dizaine d’entre eux nous envoyaient un mail, raconte Philippe Rey. Ça n’arrive jamais !"Camille, mon envolée s’est aussi retrouvé dans la sélection de Cultura, comme La maladroite, par ailleurs 8e du Palmarès des libraires de Livres Hebdo.Sfumato a été retenu dans la sélection de rentrée de Leclerc et est en lice pour le prix des Libraires. La notoriété de Xavier Durringer, dramaturge et réalisateur dont le dernier film La conquête était présenté à Cannes, a joué sur les médias et entraîné un nombre important d’invitations dans les salons. "Nous avons reçu plus de sollicitations qu’habituellement pour les auteurs de premier roman, concède Yann Briand, du Passage. Et il faisait partie des têtes d’affiche."

Une prestation bouleversante

Surtout que Xavier Durringer est particulièrement à l’aise face au public. La personnalité de l’auteur joue énormément, notamment pour la promotion télévisée. "Il y avait un terreau favorable grâce à la presse écrite et aux librairies, mais c’est l’émission de Ruquier qui a mis le feu aux poudres", poursuit Yann Briand. 10 000 exemplaires de Sfumato sont sortis en librairie et une réimpression de 2 000 volumes vient d’être lancée. Même chose pour Sophie Daull qui, après une prestation bouleversante à "La grande librairie", entre dans les listes de meilleures ventes. Le livre, qui était déjà à 6 000 ventes, atteint aujourd'hui les 17 000 sortis.

Ces cinq auteurs aux débuts prometteurs ont d’autres romans en préparation et leurs éditeurs ont la satisfaction d’avoir découvert des écrivains. "C’est particulièrement important, explique Manuel Carcassonne, arrivé en 2013 à la tête de Stock, car ces voix participent au renouvellement que j’essaie d’insuffler." Déjà pour sa rentrée l’an dernier, il avait édité le premier roman phénomène d’Adrien Bosc, Constellation. Lauréat du grand prix du Roman de l’Académie française, le titre a dépassé les 120 000 ventes.

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