Cosy fan tutte. Les talons de Miss Priscilla Tempest claquent dans le hall de l'hôtel Savoy, rythmant ses pas assurés vers une troisième aventure haute en couleur. Une fois encore, la pimpante attachée de presse du célèbre l'établissement de Covent Garden (ce fut le job de Prudence Emery pendant cinq ans) arpente les luxueux décors d'un Swinging London digne de Roger Harth, dans des tenues qui, néanmoins, doivent plus à Mary Quant qu'à Donald Cardwell. Les sixties de la mythique année 1968 lui sourient et elle leur répond volontiers. Nous aussi sourions, pas mécontents de profiter d'un peu de légèreté millésimée. Pourtant, dans un manoir anglais pur jus se fomentent les sombres complots de princes italiens de pacotille et de leurs cousins européens aux motifs plus fascistes que psychédéliques. Mince ! Les chemises brunes supplantent les cols pelle à tarte mauves ou vert pomme. Et c'est bien joué de la part des auteurs d'adopter le ton badin du cosy mystery, cette friandise littéraire ou télévisuelle souvent saturée de glucides, sans négliger pour autant les sujets hélas récurrents des travers moisis de notre vieil Occident. Sous les lambris s'affrontent ou se courtisent ainsi la jet-set du jour et l'aristocratie d'hier, les figures d'Hollywood et les seconds rôles malfaisants. Même les impayables tabloïds anglais sont sur le pont, toujours prêts à nous relater dès l'édition du lendemain matin les piquants rebondissements de ce plaisir pas si coupable finalement.