"Paris est une fête, Paris, c'est un rayon de soleil, Paris, c'est une averse, Paris, c'est plein de monde." L'incipit de cet album en jette ainsi en boucle sur toute une double page... Le petit Henri ne rêve que de la capitale. Seulement voilà, comme d'hab, le réel cogne : il habite Reboul. Petite ville où il n'y a qu'un bus, alors qu'à Paris il y en a des milliers, où il n'y a que cinq arbres dans l'unique parc, alors qu'à Paris il y en a des milliers... Les quelques rares Reboulois sont Monsieur Manger le pâtissier, Madame Crème fouettée, la fermière et Georges, le conducteur de bus. Un jour, c'est le grand jour. Henri se lance, il prépare un petit baluchon et hop ! en route vers Paris. Sur le chemin, épuisé, il fait une petite sieste. Et comme il est très malin, il lui vient une idée : diriger son crayon dans le sens de la marche vers Paris au cas où, au réveil, il perde tous ses esprits. Or, pendant son sommeil, un petit oiseau est passé par là et s'est amusé avec le crayon... Dès qu'il ouvre ses mirettes, comme prévu, Henri suit la direction indiquée par le crayon. Il marche, marche et arrive enfin dans une ville. Une ville avec un parc, avec cinq arbres. "Tiens ! comme à Reboul...", se dit Henri. On vous laisse deviner la suite.
Contrairement à ce que le titre pourrait laisser croire, cette histoire toute simple sur le bonheur à portée de main a été imaginée en Amérique. L'album est paru pour la première fois en 1962. A l'écriture, Leonore Klein, bibliothécaire à New York, et à l'illustration, un certain Saul Bass, directeur artistique et réalisateur, qui a collaboré avec les plus grands cinéastes, Hitchcock, Preminger, Kubrick... On déclare un coup de palpitant pour le dessin très simple, qui tire sa force de l'ellipse et du détail. Par exemple, on ne voit jamais la tête d'Henri, seulement ses pieds, mais cela suffit à nous figurer le petit bonhomme et son tempérament. A l'oeuvre d'un bout à l'autre, un grand art de la suggestion.
