Conflit israélo-palestinien

Sayed Kashua : "Cela fait 25 ans que j’écris en hébreu, et rien n’a changé"

L'écrivain Sayed Kashua est né en 1975 dans un village de Galilée. Il écrit en hébreu. - Photo Capture d'écran Youtube

Sayed Kashua : "Cela fait 25 ans que j’écris en hébreu, et rien n’a changé"

L’écrivain israélien arabe Sayed Kashua vient de quitter Jérusalem-Ouest pour vivre aux Etats-Unis avec sa famille. Après avoir longtemps cru à une résolution du conflit israélo-palestinien, il dit avoir abandonné son rêve.

Par Souen Léger,
avec The Guardian Créé le 04.08.2014 à 19h15

Après vingt-cinq ans d’espoir, l’écrivain israélien arabe Sayed Kashua a "baissé les bras" et décidé de quitter Jérusalem-Ouest pour vivre dans l’Illinois. Il en a fait l’annonce officielle dans une tribune parue le 20 juillet dans The Guardian et intitulée "Pourquoi je dois quitter Israël". Ce père de trois enfants devait prendre une année sabbatique mais a finalement choisi de ne prendre qu’un billet "aller" pour les Etats-Unis.
La source média référencée est manquante et doit être réintégrée.
Issu d’une famille musulmane, Sayed Kashua a fait sa scolarité dans un internat juif prestigieux où il a lu les auteurs israéliens et appris l’hébreu, langue dans laquelle il écrit ses romans qui sont traduits dans plus de 15 langues, dont le français. Il a en effet été publié chez Belfond puis aux éditions de l’Olivier.
 
"Je voulais raconter, en hébreu, l’histoire de mon père qui est resté en prison de longues années, sans procès, pour ses convictions politiques. Je voulais raconter une histoire aux Israéliens, l’histoire palestinienne. C’est certain, quand ils liront ils comprendront, quand ils liront ils changeront, tout ce que j’ai à faire c’est écrire et l’Occupation prendra fin", espère-t-il alors. "Grâce à mes histoires, un jour, nous deviendrons des citoyens à part entière, presque comme les Juifs", se répète l’écrivain.
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Mais dans les colonnes du journal britannique, Sayed Kashua se montre résigné. "Cela fait 25 ans que j’écris en hébreu, et rien n’a changé", estime-t-il. Et de poursuivre : "La semaine dernière, j’ai baissé les bras […] Quand la jeunesse juive a défilé dans la ville en criant "Mort aux Arabes" […] j’ai compris que j’avais perdu ma petite guerre".
 
Pour répondre aux larmes de sa fille de 14 ans, qui s’offusque de ce départ, l’auteur a répété les paroles que son père lui avait dites 25 ans plus tôt : "Rappelle-toi, quoi que tu fasses dans la vie, que pour eux tu seras toujours, absolument toujours, une arabe. Tu comprends ?".
 
Depuis le début de l’offensive israélienne à Gaza, qui a commencé le 8 juillet, les réactions de personnalités se multiplient, mais les auteurs sont restés plutôt discrets. Parmi ceux qui se sont exprimés, citons l’écrivain juif Norman Finkelstein, qui a été arrêté le 29 juillet lors d’une manifestation pro-Palestine à New-York, ou encore l’auteur juif Amos Oz qui a jugé l’opération israélienne "justifiée, mais excessive".

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