Avant-critique Roman

Simon Liberati, "La hyène du Capitole" (Stock)

Simon Liberati - Photo © Clara Benador

Simon Liberati, "La hyène du Capitole" (Stock)

Simon Liberati revient avec La hyène du Capitole, roman dans lequel un frère et une sœur s'abandonnent à la folie et à la mort dans la Rome des années 1970.

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Par Olivier Mony
Créé le 02.01.2024 à 09h00 ,
Mis à jour le 02.01.2024 à 11h44

Après la dolce vita. À notre époque où une forme de néopuritanisme semble partout s'imposer, la décadence ou tout ce qui peut y être assimilé a mauvaise presse. Et là où d'aucuns ne voient qu'un comportement déviant, d'autres reconnaîtront les atours du dandysme, les aventures d'un style. D'un charme. Prenons Simon Liberati. D'Anthologie des apparitions (Flammarion, 2004) à Performance (Grasset, 2022, prix Renaudot) en passant par ses démêlés domestiques avec son ex-femme, Eva Ionesco, son dossier est pour certains déjà lourd. Et il est à craindre que de ce point de vue, son nouveau roman, La hyène du Capitole, ne soit pas de nature à arranger son cas. On y retrouve en effet l'étrange petit monde de freaks et d'anges qui animent, comme en une fête en larmes, l'univers de l'auteur lorsqu'il est − et c'est ici le cas − à son meilleur. Le livre se présente comme une suite de l'un des plus beaux de Liberati, Les démons (Stock, 2020), même si on peut bien entendu le lire à part. Revient donc sur le devant de la scène la fratrie Tcherepakine, Taïné et Alexis, 20 ans et des poussières, des enfants terribles. Le garçon voudrait écrire, la fille sait photographier. Les voilà à Rome où, en ce début des années 1970, la dolce vita a mauvaise mine. Moins de grâce, plus de drogue, moins d'élégance, plus de hippies milliardaires irrémédiablement défoncés. Les nuits de Taïné et Alexis ne sont pas plus belles que leurs jours, puisque du jour, la plupart du temps, ils ignorent tout... Leur vie passe ainsi, en suspens, entre palais décatis et grands cimetières sous la lune. Croisent plus ou moins au large, avec leurs cours respectives, Helmut Berger, Truman Capote, Andy Warhol, Paul et Talitha Getty, d'autres que la mémoire des sunlights n'a pas retenus. Du beau monde, et après. Jusqu'à ce que surgisse, comme un instrument du destin, une jeune femme plus égarée encore que tous sur les chemins de la folie : Dominique Mirhage.

Quand c'est bien, et ça l'est presque toujours, Liberati, c'est comme ça : un lent et merveilleux cauchemar. Cet érudit, homme de désert autant que de salon, écrit comme le premier Cocteau, le dernier Capote, comme si toutes les nuits devaient être aussi blanches que la poudre, aussi belles qu'une balle. Comme si les figures libres de la chute se répétaient à l'infini.

Simon Liberati
La hyène du Capitole
Stock
Tirage: 7 000 ex.
Prix: 20,90 € ; 304 p.
ISBN: 9782234086456

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