"Les œuvres de Mme Wilder restent l'objet d'études et d'analyses littéraires qui mettent souvent en lumière des sentiments anti Améridiens et anti Noirs", a expliqué l'Association des bibliothèques pour enfants (ALSC) dans un communiqué daté de samedi.
"L'ALSC reconnaît que l'héritage de l'auteur est complexe et que l'œuvre de Mme Wilder n'est pas universellement acceptée", a-t-elle ajouté.
Succès en librairie et à la TV
"La Petite Maison dans la prairie" raconte, de façon très romancée, la vie de la famille Ingalls, des fermiers installés dans le midwest américain au XIXe siècle. Basée sur la vie de Laura Ingalls Wilder (1867-1957), incarnée par Melissa Gilbert, cette série de 11 tomes publiée entre 1932 et 1943 a connu un immense succès de librairie avant d'être adaptée à la télévision en 1974 pour devenir, en neuf saisons et 205 épisodes, une série culte dans le monde entier, plusieurs fois rediffusée sur le petit écran français. La série est publiée en France chez Flammarion, traduite par Catherine Cazier et Catherine Orsot-Naveau. Par ailleurs, les acteurs de la série ont profité du succès pour publier leurs autobiographies ou des livres déclinés de la série, à l'instar de Melissa Gilbert avec La petite maison dans la prairie : souvenir de tournage en 80 recettes (La Martinière, 2014) ou Alison Arngrim avec La petite garce dans la prairie (J'ai lu, 2013).Le prix "Laura Ingalls Wilder" était attribué à un rythme irrégulier depuis 1954 par l'ALSC pour récompenser "la carrière d'un auteur ou d'un illustrateur de livres pour enfants". Ruth Sawyer, Maurice Sendak, Jean Fritz, Laurence Yep et James Marshall ont été ainsi récompensés. Le prix a distingué cette année Jacqueline Woodson, une auteure afro-américaine.
Autres temps, autres mœurs
Face à la controverse sur les préjugés racistes contenus dans le livre, l'Association avait décidé en mai de sonder ses adhérents qui avaient approuvé le changement à une large majorité.
"Les livres de Mme Wilder sont le produit de sa vie, ses expériences et ses perspectives en tant que femme blanche de cette époque. Ils représentent une attitude culturelle dominante, sans être universelle, envers les indigènes et les personnes de couleur quand elle vivait et quand le prix a été créé", avait alors estimé l'ALSC.
Pour les partisans du changement de nom, "le prix a été créé en 1954 quand le message qu'il envoyait aux gens de couleur, en particulier les Amérindiens et les descendants d'Africains, n'était par reconnu. Les romans ont des éléments racistes, et le portrait qu'elle fait des Amérindiens a des conséquences sur les jeunes lecteurs quand il est lu sans critique dans les écoles”, ajoute l'assocation.
Mais d'autres ont souligné la "contribution" de Laura Ingalls dans la littérature américaine qui a eu un impact semblable à celui du roman Autant en emporte le vent et "malgré des personnages qui, du point de vue actuel, peuvent sembler irréalistes ou inappropriés”.
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