3 octobre > BD France

Photo LUDOVIC DEBEURME/CORNÉLIUS

Adepte du noir et blanc pour Céfalus, Le grand autre (Cornélius), Lucille ou Renée (Futuropolis), Ludovic Debeurme opte cette fois pour la couleur. Sa gouache riche et profonde - le livre est imprimé en hexachromie - n’en exprime pas moins de malaise et de mélancolie. Trois fils est un conte cruel et troublant, qui a la particularité de renverser les principes établis par Perrault (Le Petit Poucet) ou les frères Grimm (Hansel et Gretel) en mettant en scène un vieux père abandonné par ses trois fils sur une île déserte. Ils l’y laissent de surcroît les mains ligotées à une grosse pierre plongée dans la mer.

Pourquoi tant de haine ? Dans le premier volume de ce qui sera une trilogie, on découvre que les trois garçons portent de lourdes séquelles d’événements dont le père serait responsable : l’un a le visage poilu ; un autre de longues lances de bois en fait de bras ; le troisième les yeux noirs d’un oiseau. On y apprend aussi comment le père les a emmenés, enfants, dans une nouvelle contrée où il les a d’abord laissés seuls, sans ressources ni abri.

Après de vaines tentatives de chasse et de cueillette, les trois fils s’étaient résolus à voler pour subsister dans un environnement menaçant. Le soir ils pleuraient leur mère restée au pays et leur enfance dévastée. La figure d’un père abandonnant, irresponsable et sans doute pervers émerge peu à peu ; sans que ne se dévoile vraiment le mystère qui demeure à élucider dans les deux autres tomes de cette œuvre très forte.

Fabrice Piault

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