Programmé lundi 25 mars pendant la matinée professionnelle, le discours de la ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, sur le plan de soutien à la librairie, figurait parmi les rendez-vous les plus attendus du salon. Devant une centaine de professionnels, elle a révélé « quatre mesures opérationnelles » :
1. L’instauration « au plus vite » d’un fonds d’avance en trésorerie de 5 millions d’euros, placé sous la responsabilité de l’Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles (IFCIC).
2. Le versement de 4 millions d’euros supplémentaires à l’Adelc en vue d’aider les transmissions d’activité.
3. La nomination d’un médiateur du livre pour favoriser les bonnes pratiques (respect du prix unique du livre papier et numérique, conciliation des litiges portant sur l’activité éditoriale des éditeurs publics, actuellement confiée à la médiatrice de l’édition publique).
4. L’élargissement du pouvoir des agents du ministère qui leur permettra, à côté du médiateur, de constater les infractions aux lois de 1981 et 2011 sur le prix unique.
Elle a également annoncé la poursuite du travail engagé pour constituer un fonds complémentaire de soutien pour les librairies, évoquant même une finalisation d’ici à l’été si les acteurs de la filière, censés alimenter ce fonds qui ne devra rien coûter à l’Etat, se montrent responsables et coopératifs.
«
Ce plan fera date.
»
A côté de la mobilisation des 9 millions d’euros qui seront rétrocédés aux libraires sous forme de prêt, Matthieu de Montchalin, président du Syndicat de la librairie française (SLF), a tout particulièrement salué le projet de constitution de ce dernier fonds. « C’est la mesure phare du plan annoncé par la ministre », a-t-il déclaré, considérant que si le fonds parvenait à être doté d’une vingtaine de millions, via par exemple la contribution de l’interprofession qui pourrait réinsuffler l’argent de la baisse de la TVA de 5,5 % à 5 % au 1er janvier 2014, il permettrait de remplir l’objectif initial de redonner deux points de rentabilité aux libraires. « Le plan proposé par Aurélie Filippetti en faveur de la librairie est le plus concret et le plus structuré qu’il y a eu depuis dix ans, remarque-t-il. Si l’ensemble des mesures est appliqué, il fera date. »Par ailleurs, dès le lendemain de l’allocution de la ministre, le SLF a fait paraître un communiqué pour se féliciter des premières mesures annoncées, soulignant que «ce plan s’appuie sur plusieurs des propositions portées par le SLF, il y a un an, auprès des candidats à l’élection présidentielle». Sur le terrain, les libraires se montrent eux aussi plutôt satisfaits. «C’est tout à fait l’accompagnement que l’on peut attendre d’un Etat », estime notamment Renny Aupetit (Le Comptoir des mots, à Paris, directeur associé de Lalibrairie.com et Lageneraledulivre.com).
Selon un sondage lancé le 26 mars par Livres hebdo.fr, la mesure la plus appréciée était, lors du bouclage de ce ce numéro, le 27 mars, le fonds d’avance en trésorerie pour près de 50 % des participants. Et pour cause. Elle répond directement à leurs préoccupations financières actuelles.
Si la plupart des libraires estiment que les mesures vont dans le bon sens, certains ne cachent pas une certaine déception face à l’absence de propositions sur le problème des loyers en centre-ville et sur celui de la gratuité des frais de port octroyés par les grands sites de vente en ligne (voir p. 53). Comme il s’en est expliqué dans Le Midi Libre, Benoît Bougerol (La Maison du livre à Rodez) aurait également souhaité que la ministre aille plus loin en supprimant le rabais de 5 % consenti sur le prix unique et lance un vrai programme pour la lecture. Le Syndicat des distributeurs de loisirs culturels (SDLC), qui a participé aux groupes de travail constitués par la ministre, regrette lui que le plan soit surtout destiné au SLF et à l’Adelc. Jean-Luc Treutenaere, président du SDLC, le considère toutefois comme «une première étape ». «Nous aussi sommes indépendants, et plusieurs chaînes sont elles aussi en difficulté : il ne serait pas normal d’aider des librairies indépendantes et pas Virgin ou Chapitre », précise-t-il, souhaitant «continuer à apporter des idées ». < Clarisse Normand
