À l'image de l'ensemble du marché, la petite enfance suit une tendance à la baisse. L'éveil (0-3 ans) enregistre ainsi un net recul de -5,9 % en volume et de -3,3 % en valeur. « C'est une première. Historiquement, la petite enfance a toujours connu une croissance permanente, mais elle est désormais impactée par la baisse de la natalité en France », constate Céline Charvet, directrice de Casterman Jeunesse. Malgré ce ralentissement, l'éditrice souligne que l'éveil représente encore 27 % du marché, signe des efforts constants des acteurs du secteur pour en maintenir la vitalité.
Des ventes hautes en couleur
Face à la contraction du marché, les éditeurs concentrent leurs efforts sur les segments encore porteurs, notamment celui du livre de coloriage, en progression de 9,1 % en valeur sur l'exercice 2024-2025. Flammarion Jeunesse a enrichi son offre avec des livres de coloriage à l'eau et des imagiers en feutrine, tandis que Gründ dévoilera en 2026 une série Coloriages effaçables, dont Animaux mignons d'Ahorine et Monde magique d'Anna Florsdefum.
De son côté, Hemma, maison belge du groupe Edi8, capitalise sur une licence Disney à succès avec Disney Stitch. Mon coloriage scintillant. Ces personnages, familiers des enfants comme de leurs parents, offrent aux éditeurs un socle solide et un dynamisme de fonds. « Les difficultés du marché nous conduisent à nous tourner vers des valeurs sûres, analyse Florence Lotthé, directrice du pôle édition de Bayard Jeunesse et Milan, qui ont célébré cette année les 50 ans de Petit ours brun. Cette dimension patrimoniale offre une forme de réassurance, quelque chose de rassurant psychologiquement à une époque pas facile. »
Les figures de l'éveil
De la même façon, Les Livres du Dragon d'or continueront d'étoffer deux univers de fonds : Les Barbapapa, dont dix albums classiques seront renouvelés en 2026 et 2027, mais aussi Pokémon qui soufflera ses 30 bougies l'an prochain. Star des tout-petits, T'choupi connaîtra également de nouveaux épisodes aux résonances actuelles avec T'choupi s'amuse sans écran : « C'est un personnage patrimonial que les nouveaux parents ont bien connu dans leur enfance », affirme Valérie Rio, directrice éditoriale de la maison.
Ça pop chez les petits !
Chez d'autres éditeurs, l'innovation apparaît comme un levier de croissance, jusqu'à, parfois, inverser la courbe descendante. « Grâce à sa créativité, notre secteur petite enfance se porte bien. Cela peut sembler paradoxal, la production étant pléthorique, mais il manque des choses par-ci, par-là », confie Camille Von Rosenschild, responsable éditoriale du Seuil Jeunesse, citant la série des couleurs (L'écureuil qui aimait le bleu d'Eve Gomy) ou, pour 2026, le livre au point de croix Où vas-tu petit fleuve ? de Nuria Gallardo.
Éduquer enfants et parents
De la même manière, certains éditeurs exploitent les espaces encore disponibles du marché. Depuis cinq ans, Accès éditions développe une production jeunesse originale, proposant des albums conçus en synergie avec ses guides pédagogiques, séduisant à la fois le grand public et le milieu scolaire. En 2026, la maison poursuivra cette lancée avec une nouvelle série d'albums centrés sur la nature et accompagnée du guide pédagogique, Apprendre dehors, qui comprendra La clairière de Séverine Dechesnes.
De son côté, Gallimard Jeunesse lancera en janvier prochain une collection de tout-carton signée Aurélie Delahaye et Maya Culpa, pensée pour accompagner les bébés dès la naissance et soutenir les parents dans les premiers mois de vie. Tandis que Talents Hauts poursuit son engagement avec sa collection d'albums féministes pour tout-petits, une initiative audacieuse visant à lutter contre les stéréotypes de genre dès le plus jeune âge.
