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"Une inflation" de rencontres et de lectures musicales au festival Tandem

Le dessinateur et écrivain Emmanuel Guibert accompagné du guitariste Philippe Mouratoglou, au Théâtre de Nevers. - Photo Tiphaine Giraud

"Une inflation" de rencontres et de lectures musicales au festival Tandem

La présence des auteurs sur scène s'est démocratisée, et fait même face à une "inflation", selon le terme de Tanguy Viel, invité au festival Tandem début février. Il n'était pas le seul à s'exposer au public, Emmanuel Guibert, Claudine Desmarteau ou encore Maria Pourchet se sont illustrés entre rencontre et lecture musicale. Une manière pour eux d'aller à la rencontre du public et de nourrir leur travail.

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Par Dahlia Girgis Nevers,
Créé le 07.02.2022 à 18h40 ,
Mis à jour le 08.02.2022 à 11h03

La salle du Théâtre municipal de Nevers affiche presque complet ce 4 février au soir. Le public est réuni pour assister à la lecture musicale du dessinateur et écrivain Emmanuel Guibert et du guitariste Philippe Mouratoglou. Deux têtes d’affiche pour la deuxième nocturne du Festival Tandem qui s’est tenue du 3 au 7 février dans la Nièvre. Une 7e édition à l’image des précédentes : un mélange de disciplines artistiques délivré en duo. Un écrivain sur scène ? “Nous sommes mis en demeure de le faire, on nous propose et nous y encourage”, estime Emmanuel Guibert.

Le lauréat du Grand prix d'Angoulême 2020 prend de court son public ce vendredi soir. Ce n’est plus lui qui fera la lecture de son livre sur son défunt ami Mike, mais son partenaire de scène. Les deux artistes se connaissent depuis un peu moins de 10 ans. Pour la première fois, Philippe Mouratoglou se prête à l’exercice de la lecture à voix haute. “Entre amis, nous pouvons nous payer le luxe d'improviser car il y a la confiance”, plaisante le lendemain Emmanuel Guibert.

“Sanctionner” le travail d’un artiste

Lors de cette soirée, Emmanuel Guibert a présenté des extraits de son nouvel ouvrage, “Dessiner dans les transports en commun”, à paraître en septembre chez Dupuis. “Ni bande dessinée, ni roman graphique, un livre avec des images et du texte”, décrit l’auteur. Il s’attaque pour la première fois à un nouveau style : l’écriture en sonnet. Au Théâtre municipal, il s'amuse entre la lecture et le chant. Au bout d’une heure et quelques, l’auteur demande au public s’il peut continuer le spectacle un quart d’heure de plus. “J’étais suspendu à cette réponse, sur scène on peut tester et voir si l’attention du public est retenue, c’est une manière de sanctionner le travail”, interprète Emmanuel Guibert qui a prolongé de 15 minutes la présentation face à l’enthousiasme des spectateurs.

Le lien créé avec le public est également ressenti chez Claudine Desmarteau. “Le métier d’écrivain est très solitaire, quand nous avons des interactions avec le public autour d’un livre, cela donne un sens à ce que l’on fait”, commente l’auteure de Jan (Thierry Magnier, 2016). Elle est invitée par le festival à lire son roman en duo avec sa fille Jeanne, styliste de 28 ans à l’auditorium de la Médiathèque Jean-Jaurès.

Jouer avec les codes de la littérature

La lecture, entrecoupée d'extraits du film Les 400 coups de François Truffaut, avait déjà été réalisée à la fête du livre de Bron en 2017. Pour captiver l’audience, Claudine Desmarteau et sa fille travaillent en amont sur la répétition des textes et sur le choix des extraits : pas trop long et dans une certaine chronologie. “La littérature devient plus vivante et plus accessible”, résume la mère.

Claudine Desmarteau et sa fille Jeanne lors de la lecture du roman "Jan" au Festival Tandem.
Claudine Desmarteau et sa fille Jeanne lors de la lecture du roman "Jan" au Festival Tandem.- Photo TIPHAINE GIRAUD

 

Quand nous faisons une rencontre, nous créons”, explique dans un haussement d’épaule Tanguy Viel à la Maison de la Culture. Le romancier et le poète Stéphane Bouquet y font l’objet d’une “Rencontre” le samedi 5 février. Les deux hommes reviendront sur leurs parcours respectifs, leurs relations et les liens entre leurs domaines d’expertises. “Il y a une inflation de la demande de l’écrivain pour montrer son travail", analyse Tanguy Viel qui ajoute: "je n’attend rien de spécial, en tout cas rien de manière utilitaire, je viens pour le plaisir d’exposer tout simplement.” Stéphane Bouquet a la même perception de sa participation à la manifestation littéraire. Il souhaite exposer au public de Tandem ce qu’est la poésie contemporaine.

Le “label” Arnaud Cathrine

Les duos d’invités, plus ou moins connus, sont tous liés à un homme : Arnaud Cathrine. Le programmateur adulte de la manifestation fait son effet auprès de ses collègues et des invités : "Raffiné", "Un homme avec du goût" ou encore "Sensibilité artistique". L’écrivaine Maria Pourchet lance même : "Arnaud Cathrine, ça labellise". En 2013, il a l’idée de lancer ce festival formé de duo d’auteurs et d’artistes. Pour convaincre ses invités il leur dit : “ carte blanche, faites-vous plaisir ! Quel serait votre rêve du moment sur scène ? Nous explorons leurs goûts, nous énumérons des noms d’artistes dont ils sont proches ou qu’ils aimeraient rencontrer.

Maria Pourchet et Raphaël Haroche devant la Maison de la Culture à Nevers
Maria Pourchet et Raphaël Haroche devant la Maison de la Culture à Nevers- Photo DAHLIA GIRGIS

 

A son compteur, le responsable du pôle adulte de Tandem compte la programmation du Festival de Manosque ou celle à La maison de la Poésie à Paris. "J'ai à cœur de transmettre mes admirations. Je dirais que je suis très éclectique... J’aime la diversité, en tout", précise-t-il à Livres Hebdo. Par son entremise, Maria Pourchet rencontre pour la première fois le chanteur Raphaël. Le musicien participe pour la première fois à ce type d’événement. "J’ai accepté pour rencontrer Maria, je suis très admiratif de son travail, peu de livre me réconcilie avec la littérature", raconte-t-il quelques heures avant sa prestation. De son côté, Arnaud Cathrine explique : “Je cherche des auteurs qui ont le goût de la scène et de la transmission. Pas de calvaire en cela : ils sont nombreux !”.

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