Modiano

Une rue Dora-Bruder bientôt à Paris

Patrick Modiano. - Photo C. Helie/Gallimard

Une rue Dora-Bruder bientôt à Paris

La maire de Paris a annoncé lundi 19 décembre la création d’une rue Dora-Bruder en hommage à la jeune fille juive dont Patrick Modiano a reconstitué l’histoire dans un roman publié en 1997. 

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Par Pierre Georges,
Créé le 20.01.2015 à 18h05

Lors d’une soirée d’hommage public à Patrick Modiano, lundi 19 janvier au Théâtre de la Ville, à Paris, la maire de la capitale, Anne Hidalgo, a annoncé la création par la Ville d’une rue Dora-Bruder, du nom de cette jeune fille juive dont le prix Nobel de littérature 2014 a tenté de reconstituer l’histoire dans l’un de ses romans, sous réserve d'un vote favorable du conseil de Paris.
 
Après l’attribution du prix Nobel de littérature 2014, “j’ai relu un certain nombre de vos livres, a déclaré Anna Hidalgo en s’adressant à l’écrivain. Dora Bruder m’a énormément émue. J’ai décidé de donner ce nom à une rue de Paris, dans le XVIIIe arrondissement”, a-t-elle précisé. Dora Bruder habitait en effet au 41, boulevard Ornano, près de la porte de Clignancourt, dans le XVIIIe arrondissement de la capitale.
 
Dans Dora Bruder (Gallimard), publié en avril 1997, Patrick Modiano livrait un récit-enquête sur l’histoire de cette jeune fille juive de 15 ans disparue en décembre 1941. En 1988, il avait été frappé, en feuilletant les annonces d’un vieux Paris-Soir du 31 décembre 1941, par l’avis de recherche lancé par les parents de Dora Bruder : “Un mètre cinquante-cinq, visage ovale, yeux gros marron, manteau sport gros, pull-over bordeaux”. Il s’agit d’une fugue.
 
Avec l’aide de Serge Klarsfeld, auteur du Mémorial de la déportation des Juifs de France, Patrick Modiano se lance donc sur les traces de l'adolescente. Elles le mèneront jusqu’au camp d’internement de Drancy, puis à Auschwitz, où la jeune fugueuse a fini gazée en 1943. Ses deux parents connaîtront le même sort la même année.
 
“Avec Dora Bruder, j'ai d'abord biaisé en écrivant un roman, mais j'ai enfin abordé le problème de front. Et je me demande aujourd'hui si j'en sais plus sur elle”, expliquait Patrick Modiano à Gallimard lors de la sortie du roman en 1997. Il terminera son œuvre par ces mots : “J’ignorais toujours à quoi elle passait ses journées, où elle se cachait, en compagnie de qui elle se trouvait pendant les mois d’hiver de sa première fugue et au cours des quelques semaines de printemps où elle s’est échappée à nouveau. C’est là son secret. Un pauvre et précieux secret que les bourreaux, les ordonnances, les autorités dites d'occupation, le Dépôt, les casernes, les camps, l'Histoire, le temps – tout ce qui vous souille et vous détruit – n'auront pas pu lui voler”.

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