Curieux anniversaire. Alors qu'elle fêtera ses 70 ans le mois prochain, Odile Hellier, fondatrice de la librairie généraliste de langue anglaise du Quartier latin, Village voice (Paris 6e), tirera un trait sur les trente ans d'existence de sa boutique. La librairie fermera définitivement ses portes le soir du 31 juillet, après un mois de soldes. Confrontée depuis cinq ans à une érosion de sa fréquentation, qui représente fin juin une perte de chiffre d'affaires de 70 000 euros par rapport à l'année précédente, déjà déficitaire, soit une somme équivalente aux salaires des quatre libraires, Odile Hellier a décidé de jeter l'éponge faute de repreneur solide. "Devant cette situation, comment ne pas être raisonnable et pourquoi continuer à souffrir ?" plaide la libraire, qui affronte aussi depuis une quinzaine d'années la concurrence des sites marchands en ligne. "Comment lutter contre des mammouths comme Amazon qui pratiquent, grâce à la dérégulation du prix du livre anglo-saxon, des rabais impossibles à tenir pour nous ? Le phénomène s'est encore accru avec l'arrivée en 2010 du livre numérique et de l'iPad, qui engendrent de nouvelles pratiques de lectures et ont provoqué chez nous une réelle dégringolade." Ouverte en 1982 sur le modèle des cafés-librairies américains, Village voice est devenue en 1986 une librairie à part entière, reconnue notamment pour ses animations et sa capacité à se procurer n'importe quel ouvrage en langue anglaise. Au plus fort de son activité, elle abritait, dans ses 120 m2, 25 000 références.
