ÉDITO par Fabrice Piault, rédacteur en chef adjoint

Photo OLIVIER DION

"Voilà l'été, voilà l'été ! » Mais on ne sait plus sur quel ton chanter ce tube ensoleillé des défuntes Négresses vertes en 1988. Au vu du bilan des ventes de livres au premier semestre, la morosité s'imposerait, même si, le premier semestre de l'an dernier ayant été pire encore, la tendance annuelle du marché se contente de stagner. On peut tout aussi bien choisir le soulagement et même l'espoir : cette année plus encore que les précédentes, l'été et son incessant chassé-croisé de vacanciers peuvent constituer une rupture salutaire, d'autant que le commerce en général, lui, ne se porte pas si mal.

Les libraires, mais aussi, sur le plan de la lecture publique, les bibliothécaires que nous avons interrogés, font en tout cas tout pour cela. Nombre d'entre eux mettent en place, pour ceux qui se situent dans des zones touristiques ou balnéaires, des animations et des dispositifs spécifiques, parfois tout simples, pour séduire le chaland aux mois de juillet et d'août, et redresser un chiffre d'affaires en berne. Quant aux distributeurs, ils ont déjà la tête à la rentrée. Ceux qui traitent la production scolaire peuvent s'attendre à ce qu'elle soit moins chahutée qu'en 2010, où les programmes avaient été livrés très tard. Mais elle n'en demande pas moins une grosse préparation logistique, à prévoir parallèlement aux colis de la rentrée littéraire.

La probabilité d'une fin d'année beaucoup plus favorable au livre que ne l'ont été l'hiver et le printemps est forte. L'expérience des dernières années confirme une concentration inexorable du chiffre d'affaires sur les quatre derniers mois. La tendance est accentuée par la pression d'auteurs qui craignent de perdre une part de leurs ventes en acceptant que leur livre paraisse entre janvier et juin. Mais, sur le long terme, le marché du livre peut-il se passer d'une activité soutenue au premier semestre ? A-t-il encore a contrario les moyens de susciter des événements éditoriaux majeurs dans la première partie de l'année, ou doit-il y renoncer ? Voici peut-être, pour les éditeurs et les libraires, un sujet de devoir de vacances. Voilà l'été !

12.02 2016

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