"En les faisant citoyens d’un monde libre, pour lequel il oeuvre depuis bientôt 100 ans, le PEN Club français veut donner à cet acte une dimension bien plus que symbolique. Ces nominations sont un marqueur fort pour le PEN Club français. Non seulement, elles soulignent sa détermination, qui s’inscrit dans la poursuite de nos combats pour la liberté d’expression, mais elles sont aussi une alerte, qui rappelle que les libertés des citoyens du monde sont de plus en plus menacées" précise l'organisation.
Ahmet Altan est écrivain, essayiste et journaliste. Il a été libéré le 4 novembre 2019 après trois ans de détention. Il avait été condamné à 10 ans et demi et près de neuf ans de prison pour "aide à un groupe terroriste", mais la justice a ordonné sa remise en liberté sous contrôle judiciaire en raison du temps déjà passé derrière les barreaux. Une semaine après sa libération, il a de nouveau été arrêté. Il est toujours en prison. Son dernier livre paru, Je ne reverrai plus le monde (Actes Sud, 2019) a reçu le prix André Malraux 2019.
Aslı Erdoğan est écrivaine et journaliste. Arrêtée et incarcérée en août 2016, au motif de sa collaboration avec au journal Özgür Günden, quotidien soutenant notamment les revendications kurdes. Elle a été remise en liberté, après quatre mois de détention, mais sous contrôle judiciaire et sans autorisation de quitter la Turquie. En septembre 2017, son passeport lui a été restitué et elle a pu se réfugier en Allemagne où elle vit depuis lors. Elle a été acquittée par un tribunal d'Istanbul le 14 février 2020. Elle a publié son dernier livre Requiem pour une ville perdue chez Actes Sud en mai 2020.
Asli Erdogan toujours menacée par des poursuites
La section française du Pen Club rapporte que la romancière a appris qu'un nouveau procureur souhaitait s'adresser à une juridiction plus haute pour réclamer des poursuites concernant l'accusation de propagande terroriste pour ses articles parus dans Ozgür Gundem et chez Actes Sud avec Le silence même n'est plus à toi (2017). Selon l'avocat de l'auteure, la démarche n'a aucune raison d'aboutir."Consternée, choquée et ébranlée", Asli Erdogan a écrit le 2 juillet au Pen Club une lettre pour exposer ses doutes et son désarroi. "J'ai appris par hasard qu'un procureur totalement différent, qui n'avait pas été désigné pour mon affaire et qui n'avait probablement même pas lu le dossier, s'était opposé à mon acquittement près de quatre mois après l'expiration du délai officiel. Mais je n'ai pas été surprise" écrit-elle avant de justifier sa position : "qu'attendez vous d'un pays qui a mis en prison plus d'écrivains et de journalistes que la Russie et la Chine réunies ? Un pays qui a le plus grand nombre de femmes prisonnières politiques?".
La romancière a fait part de toute sa gratitude aux associations mobilisées pour défendre la liberté de penser et d'expression.
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