Littérature américaine

Bill Buford, «À la française » (Éditions de l'Olivier) : Traboules et Bill

Bill Buford - Photo © Thomas Schauer

Bill Buford, «À la française » (Éditions de l'Olivier) : Traboules et Bill

Bill Buford, sa femme Jessica et leurs enfants, en immersion culinaire à Lyon. Une ode à la gastronomie française. Tirage à 4500 exemplaires.

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Par Jean-Claude Perrier,
Créé le 05.11.2021 à 19h31

Il n'y a que des Américains « bohémiens » pour se lancer dans une aventure pareille. En 2009, Bill Buford et sa femme Jessica, lui journaliste au New Yorker, elle à Harper's Bazaar, new-yorkais de surcroît, c'est-à-dire familiers avec toutes les cultures du monde, décident de tout plaquer et de vendre leur appartement, pour partir vivre en France, afin d'y apprendre notre cuisine. Rien de moins ! Sur les conseils de quelques-unes de leurs relations, des chefs français installés comme Michel Richard, ou de passage aux États-Unis comme Antoine Westermann, ils choisissent Lyon, capitale des Gaules et de la gastronomie. Même s'ils étaient des récidivistes, ayant déjà passé un an en Toscane en 2002 pour apprendre la cuisine italienne (et la langue), avec succès apparemment, cette fois l'entreprise se présentait encore plus farfelue, et plus corsée : avec eux, les Buford expatriaient leurs enfants jumeaux, George et Frederick, 3 ans à l'époque. Des gamins bien cool, qui se révéleront par la suite (quand ils reviendront à Lyon, à 11 ans), de vrais gastronomes en culottes courtes, francophones et francophiles de surcroît, comme leurs parents.

On ne s'appesantira pas sur les tribulations rocambolesques de la petite famille, son installation dans une ville qu'ils trouvent « très brutale et absolument hostile », leurs galères. L'essentiel, dans cette histoire, c'est la ténacité de Bill, qui se battra pour devenir apprenti chez les meilleurs de nos chefs : Veyrat, Bocuse... Et finira par trouver un stage chez Mathieu Viannay, le repreneur de la mythique Mère Brazier, la mère de tous les bouchons, deux étoiles au Michelin. S'ensuivront une initiation de haut niveau, et la maîtrise de l'art culinaire à la française. Il apprendra même à faire un pain succulent.

De cette nouvelle immersion, Bill Buford a tiré un gros livre inclassable et épatant, qui ne se prend jamais au sérieux, un chant d'amour à la France, à laquelle il a tout compris à travers quelque chose de fondamental, sa cuisine : « La bonne chère est essentielle à la civilisation. C'est l'intimité, le convivium, la créativité, l'appétit, le désir, l'euphorie, la culture et la célébration de la vie. » Quel écrivain français saurait mieux dire ?

Bill Buford
À la française Traduit l’anglais (États-Unis) par Olivier Deparis
Éditions de l’Olivier
Tirage: 4 500 ex.
Prix: 24 € ; 528 p.
ISBN: 9782823616897

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