A Moroseville, la bien nommée, personne ne se voit, personne ne se parle, tout le monde se couche tôt et s’ennuie copieusement. D’autant que les maisons de la ville n’ont ni portes ni fenêtres. Fort heureusement, chaque nuit, le générateur de l’usine fabrique des rêves dans une sorte de pâte faite de souvenirs, de morceaux d’étoiles et d’autres ingrédients dont le secret est jalousement gardé. Monsieur Rêve est chargé de colporter les songes chez tous les habitants de Moroseville. Une nuit, ce VRP des songes entre chez Saul, l’architecte, qui aussitôt se met à rêver si fort qu’un morceau de mur de sa maison disparaît. Impatient de découvrir le vaste monde inconnu, Monsieur Bric, le morceau de mur qui a toujours vécu cloîtré, part à l’aventure. Un tantinet désolé d’avoir détruit la paroi de la maison de Saul, Monsieur Rêve part à la recherche de ce dernier et le retrouve sur le banc d’un square, complètement écroulé de "tristigue" (un mélange de fatigue et de tristesse).
Au matin, Saul se réveille la tête encore pleine des songes de la nuit. Surprise, en lieu et place du mur de briques, il trouve une porte. Du jamais vu à Moroseville ! Inspiré par les chimères de la nuit, il se met à dessiner la maison idéale qu’il imagine baignée de lumière. Ses deux vaillants assistants, Monsieur Rêve et Monsieur Bric, eux aussi mettent la main à la pâte. Une ville nouvelle pleine de joie et de transparence voit le jour. Un album onirique et fantaisiste qui taille la part belle au pouvoir du rêve, capable de changer la vie comme la ville. Antony Huchette, auteur de BD qui publie régulièrement dans le New Yorker, offre ici son premier opus. Fabienne Jacob
