Attendue, et redoutée, par l’ensemble de la profession, la décision est tombée lundi 30 septembre, à l’issue d’un comité d’entreprise extraordinaire. Les 55 librairies que compte Chapitre sont officiellement en vente. « La façon la plus sûre de pérenniser l’activité est de s’orienter vers un modèle de librairies indépendantes, précise Michel Rességuier, via un communiqué paru le 1er octobre. Nous avons décidé de faire appel à candidature pour une reprise de chaque librairie, sans exception. » Le président du réseau, qui a pris ses fonctions début mai, se donne un an pour céder l’ensemble des actifs, et a indiqué à Livres Hebdo qu’il n’écartait pas « une solution juridique » si, d’ici à l’été 2014, des librairies ne trouvaient pas preneurs. Une solution qui s’apparente pour la CGT, syndicat majoritaire chez Chapitre, à une «liquidation judiciaire».
Ce dénouement intervient après plusieurs tentatives pour remettre sur les rails un réseau en difficulté économique depuis 2010. Après une première réduction de périmètre en 2011, deux plans de restructuration se sont succédé en un an et demi. Le premier, présenté en janvier 2012, a été ajourné en février 2013. Le second, annoncé un mois plus tard, prévoyait la cession ou la fermeture de 12 magasins et un plan social visant 271 postes, soit plus de 20 % des 1 200 emplois que totalise le groupe (1). Il a été finalement suspendu le 9 juillet par la nouvelle direction, qui souhaitait déjà donner la priorité aux projets de reprises en cours.
Si Michel Rességuier annonce une quinzaine de dossiers de candidature, seuls trois sont réellement en cours de négociation (Rennes, Dax et Grenoble), et deux ont abouti. Fin juillet, Mont-Saint-Aignan, près de Rouen, a quitté le giron de Chapitre et le 30 septembre, à Toulouse, l’ex-Privat et son antenne spécialisée en médecine sont devenues la propriété de Benoît Bougerol, déjà à la barre de la Maison du livre (Rodez). Dans un premier temps, le libraire ruthénois mise sur la réintroduction du fonds dans l’assortiment et le rapatriement, dès janvier 2014, de la médecine dans le magasin principal, rue des Arts (750 m2), pour «essayer de sortir la tête de l’eau». Si les résultats sont au rendez-vous, il envisagera alors de plus gros travaux de rajeunissement et d’aménagement afin de «réaliser une progression de 20 % d’ici à deux ans. Mais dans tous les cas, une librairie de cette taille et à cet emplacement est calibrée pour réaliser un CA deux fois supérieur aux 2,4 millions dégagés en 2012».
C. CH. et C. N.
(1) Voir LH 950 du 19.4.2013, p. 45.