Rien à voir avec les Mémoires d’un people écrits par un nègre. Coaché par Adrien Bosc, on sent bien que chaque phrase du livre de Vikash Dhorasoo vient de lui, l’engage totalement, et lui ressemble. Comme ses pieds se veut donc l’autobiographie de l’ancien footballeur du HAC, puis de divers clubs français ou italiens, sélectionné en équipe de France de 1994 à 2006, année de la sinistre Coupe du monde, et qui a définitivement raccroché les crampons en 2008. Cabossé, souvent malmené, voire mal-aimé, mais, au final, heureux. "Malgré les coups, j’aime le football et les footballeurs, écrit-il. Les travers du football ne seront jamais le foot." Un chant d’amour à ce sport auquel il doit tout.
Autre chant d’amour, à notre pays : "Je suis français et j’aime la France. J’aime la France parce que je suis français. J’aime la langue française, la bouffe française. J’aime défendre la France lorsqu’on l’attaque" - et même s’il n’en méconnaît pas les défauts. Vikash Dhorasoo est un homme et un citoyen engagé, à gauche toute bien qu’aujourd’hui il ne "soutien(ne) plus personne". Mauricien d’origine indienne né au Havre, ce "mec de cité" a connu le racisme, la bêtise, la pauvreté. Il s’en est sorti grâce au ballon rond, à sa formidable énergie et à sa générosité. Il n’a jamais hésité à mettre sa notoriété au service de justes causes : au sein de l’association Tatane, il lutte contre l’homophobie ou la pauvreté des gamins des rues en Inde. Cette Inde, "le pays de [ses] ancêtres", dont il parle assez peu dans son livre, et c’est dommage, mais qui revient tout à la fin, de façon assez énigmatique : "My name is Vikash Dhorasoo, but everybody calls me Vishnu."
Même si l’on ne s’intéresse pas au football, qu’on n’y connaît rien - les pages "techniques" ne sont pas trop longues ni trop nombreuses -, on lit avec plaisir cet examen de conscience au ton direct, écrit par un sacré personnage, atypique, fascinant, tête à claques aussi parfois. C’est lui qui le dit. Jean-Claude Perrier
