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Des éditeurs indépendants adressent une lettre ouverte à Emmanuel Macron

Plus de 30 000 professionnels se sont rendus à l'édition 2023 de la Foire du Livre de Londres - Photo LBF

Des éditeurs indépendants adressent une lettre ouverte à Emmanuel Macron

Signée par « 200 éditeurs, auteurs et lecteurs », la lettre de l'Association internationale des éditeurs indépendants demande au président de la République d'intervenir pour abandonner les poursuites contre le responsable des droits étrangers aux éditions La Fabrique, arrêté alors qu'il se rendait à la Foire du livre de Londres. 

Par Pierre Georges,
Créé le 26.04.2023 à 17h28 ,
Mis à jour le 27.04.2023 à 11h27

C'est au cours du salon de L'Autre livre, qui s'est tenu à Paris du 21 au 23 avril, que « 200 éditeurs, auteurs et lecteurs » ont rédigé une lettre ouverte adressée au président de la République. Revenant sur l'arrestation du responsable des droits étrangers des éditions La Fabrique à son arrivée à la Foire du livre de Londres quelques jours auparavant, les signataires demandent « que la France intervienne afin que soient abandonnées les poursuites contre notre confrère » mais également « qu'une enquête indépendante soit menée pour faire la clarté sur l'implication de la police et des services français dans cette affaire ». 

Voici la lettre dans son intégralité : 

 

Lettre ouverte au président de la République

Association internationale des éditeurs indépendants

13, rue de l’École Polytechnique, 75005 Paris

M. le Président,

Réunis du 21 au 23 avril 2023, au Palais de la femme à Paris, pour le Salon de printemps de l’association L’Autre livre, nous tenons à vous faire part de notre stupéfaction devant le traitement dont a fait l’objet Ernest M, responsable des droits étrangers aux éditions de La Fabrique. Alors qu’il se rendait à Londres pour le Salon du livre, il a été interpellé à son arrivée, gare St-Pancras, en vertu d’une loi anti-terroriste.

Pendant sa garde à vue, il a été interrogé sur sa participation aux manifestations en France contre la réforme des retraites, et sur ses opinions politiques. Il lui a même été demandé d’indiquer les noms des auteurs « anti-gouvernementaux » publiés par la maison d’édition...

Après 24 heures de détention, il a finalement été relâché mais la police a gardé son téléphone et son ordinateur portable ; et il doit comparaître dans quatre semaines devant la cellule anti-terroriste.

Tout donne à penser que cette interpellation et l’interrogatoire qui l’a suivie sont le résultat de la collaboration entre la police britannique et la police ou les services français.

Ces faits sont graves.

Ils montrent comment les lois d’exception, adoptées au nom de la lutte anti-terroriste, peuvent favoriser l’arbitraire.

Ils constituent une évidente atteinte à la liberté de l’édition dans un pays qui se veut démocratique et libéral.

En France, l’édition, jusqu’à plus ample informé, n’est pas soumise à une quelconque autorisation administrative ni à la censure d’État.

Ces faits sont aussi, tout simplement, une atteinte à la liberté d’opinion de tous les citoyens. Nous demandons par conséquent :

- que la France intervienne afin que soient abandonnées les poursuites contre notre confrère ;

- qu’une enquête indépendante soit menée pour faire la clarté sur l’implication de la police et des services français dans cette affaire.

Vous priant de croire en l’expression de notre inquiétude démocratique et de notre attention,

Lettre signée par 200 éditeurs, auteurs et lecteurs

Premiers signataires :
- Francis Combes, éditions Le Merle moqueur
- Jacques Damade, éditions La Bibliothèque
- Saâd Bouri, éditions du Jasmin
- Gérard Cherbonnier et Noëlle Joffard, éditions du Petit pavé - Alain Gorius, éditions Al Manar
- Alain Léger, éditions À plus d'un titre
- Pascal Cottin, Éditions d’en bas
- Jean-Marc Juguant, éditions l’amour des maux
- Ehran Turgut, éditions Turquoise
- Marie-Noëlle Arras, éditions Chèvrefeuille étoilée

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