Spécialisées en bande dessinée, les éditions Çà et Là ont besoin d'aide. En difficultés financières, elles viennent de lancer un appel aux dons via la plateforme HelloAsso et alertent dans le même temps leur communauté sur les réseaux sociaux.
Déjà, à l’occasion des 20 ans de la maison, célébrés en début d'année, le fondateur de la structure Serge Ewenczyck s’inquiétait d’une activité mouvante et du marché global de la bande dessinée.
En effet, depuis un peu plus d’un an, la situation de l’édition (en particulier de la bande dessinée indépendante) s’est dégradée. « La fréquentation en librairie est en baisse, et nous n’avons pas de ventes directes. Or, nous dépendons entièrement de ce réseau. Si les librairies vont mal, nous aussi », alerte l’éditeur.
Un contexte tendu pour toute la chaîne
Ce n’est pas la première fois que la structure connaît une phase délicate. Mais cette fois-ci, Serge Ewenczyck analyse un problème plus global. « C’est toute la chaîne du livre qui est impactée : libraires, imprimeurs, éditeurs. Beaucoup d’indépendants lancent des appels à soutien. Ceux qui s’en sortent sont ceux qui ont un titre qui cartonne – et encore, cela ne suffit souvent qu’à rembourser les dettes passées. »
L'éditeur met en lumière les réalités d’un marché devenu plus risqué : « Les pertes sur un livre qui ne marche pas étaient de 1 000 à 2 000 euros il y a quelques années. Aujourd’hui, c’est plutôt 3 000 à 4 000 euros. »
Il dénonce également des recherches de financement de plus en plus compliquées : « On a fait la tournée des banques, c’est la première fois en 20 ans qu’on rencontre une difficulté à obtenir un crédit. »
Une SCOP sous pression
La maison d’édition a connu d’importantes transformations, voyant ainsi ses frais augmenter. « L'équipe s’est étoffée, et notre transformation en SCOP a causé d'autres dépenses. » Devenue une Société coopérative et participative, Çà et Là répartit désormais les parts et les voix de la société entre ses quatre salariés. « La transformation nous a coûté cher : conseils juridiques, experts-comptables, cotisations à la fédération… »
Malgré tout, l’équipe reste attachée à ce statut coopératif. « On ne regrette pas du tout la SCOP. C’est un statut vertueux qui protège la structure et, hormis sa création, il n’est pas particulièrement coûteux, au contraire », ajoute Serge Ewenczyck.
Un appel aux dons
Pour surmonter cette passe difficile, l’équipe a créé une association, Les amis de Çà et Là, qui servira de relais pour la campagne de dons lancée via HelloAsso. Une tombola permet aux donateurs de gagner des lots liés à l’univers de la maison d’édition. La campagne est lancée vendredi 25 juillet sur les réseaux sociaux et reste ouverte jusqu'au 30 septembre.
En parallèle, Çà et Là compte multiplier sa présence sur les salons à la rentrée. « C’est chronophage, mais les ventes directes fonctionnent bien », note Serge Ewenczyck.
Objectif : tenir jusqu’à 2026
À moyen/long terme, l'espoir repose sur les prochaines parutions. « Nos plus grands auteurs sortiront de nouveaux ouvrages en 2026, comme Martin Panchaud (La Couleur des choses, 2022) ou Ulli Lust (Trop n’est pas assez, 2008). Si on arrive à tenir jusque-là, on pourra repartir. »
En attendant, l’éditeur mise sur une généralisation des demandes de subventions, notamment auprès de la Région Île-de-France, du Centre national du livre, ainsi que sur un effort de communication « tous azimuts » pour franchir ce cap.