Professeur de lettres modernes, Eve-Alice Roustang connaît son Sagan par cœur. Même si elle confesse qu'au début, elle n'avait pas aimé Bonjour tristesse.

Plus tard, c'est dans l'essentiel de l'œuvre de Sagan, dûment sourcée à la fin, ainsi que dans ses principaux personnages, qu'elle est allée puiser une idée originale : isoler douze problématiques universelles et quotidiennes (comment séduire quand on n'est plus très jeune, courir après le temps perdu, ou même, ne pas mourir...), et trouver, à chaque fois dans un livre différent, un certain nombre de réponses et conseils. « La vie serait plus légère, écrit-elle, si on la prenait comme dans un roman de Sagan. » Pour séduire quand on est une cougar, par exemple, comme Edma, voir La femme fardée. Quant au temps perdu, pour le retrouver, se référer à Un piano dans l'herbe, où Maud organise, à la campagne, une réunion d'anciens amis venus revivre un lointain été passé. Si ça ne fait pas de bien, ça ne peut pas faire de mal.

L'exercice est plaisant, enlevé et écrit sur un mode enjoué, comme on s'adresserait à des copains et copines. Mais, par-delà, il nous invite, bientôt vingt ans après sa mort, à nous interroger sur l'œuvre de Sagan, ce qu'il en reste. À lire Eve-Alice Roustang, tout cela a pris un coup de vieux, seuls ses livres les plus personnels nous parlent encore. Sagan, cette grande proustienne, semble avoir perdu son pari contre le temps.