Editer séparément ? "On ne saurait pas faire", répondent de but en blanc les fondateurs de Finitude. A 48 ans, Emmanuelle et Thierry Boizet ont toujours travaillé ensemble et se sont construits mutuellement, tant sur le plan professionnel que personnel. "Matin, soir, en vacances comme au petit déjeuner : on est tout le temps ensemble à partager nos idées."
Mus par les mêmes envies, ils ont d’abord lancé une librairie de livres anciens en 1994, alors qu’ils étaient fraîchement diplômés et jeunes amoureux, avant de créer la maison girondine de littérature en 2002. "Nous n’avons pas décidé qui ferait quoi, c’est très naturel et entremêlé", explique l’éditrice.
Si au quotidien elle s’occupe plus particulièrement de la gestion, tandis que son mari gère la partie graphique, ils travaillent en osmose chacun des titres qu’ils publient. "Nos sensibilités se complètent, on voit par exemple dans le texte quelque chose que l’autre n’aura pas senti."
Pour eux, hors de question d’œuvrer "juste côte à côte". Ainsi, si l’un souhaite éditer un livre qui ne convainc pas totalement l’autre, le projet ne verra jamais le jour. "On a une manière de fonctionner tellement imbriquée et instinctive qu’il est difficile de déléguer quoi que ce soit", reconnaît Emmanuelle Boizet. Et le couple tient à protéger cet équilibre. Malgré le succès d’En attendant Bojangles (2016), ils ne souhaitent "pas particulièrement" développer la maison et y faire entrer d’autres salariés.
Heureux de leur mode de vie, ils soulignent cependant que l’édition empiète franchement sur leur vie privée. "Autant vous dire que nos deux enfants, qui ont vécu cet aspect chronophage de l’intérieur, n’ont absolument aucune envie de nous rejoindre dans la maison", s’esclaffe l’éditrice. d