Alors que Livres Hebdo célébrait en septembre les cinq ans de sa nouvelle formule, la rédaction a interrogé plusieurs acteurs du monde du livre pour leur demander où ils se voyaient dans cinq ans. À en croire quelques-unes des personnes interrogées, nous voilà à l’aube d’un grand basculement.
Accélération de l’histoire ? Il y a cinq ans nous aurions peut-être demandé à ces professionnels comment ils s’imaginaient dans vingt. Toujours est-il que ces quelques réponses apporteront des esquisses de solution et des raisons d’espérer, au moins autant que de s’inquiéter. Aujourd’hui, retour vers 2030 avec Jean-Baptiste Passé, directeur des éditions Michelin
« Le caractère fini d’un livre face à une proposition culturelle infinie fait son avantage ontologique »
« La question est vertigineuse tellement la trajectoire des nouvelles technologies et des usages associés fait trembler le vieux monde du livre… Pour autant, le mot de la fin n’est pas encore écrit. D’ailleurs, c’est sans doute le caractère fini d’un livre face à une proposition culturelle infinie qui fait son avantage ontologique : déployer une pensée, un récit, une histoire ou un itinéraire incarné, éprouvé, complet et définitif. Je crois donc que nous continuerons à chercher des auteurs et autrices qui parlent au cœur, qui déploient une vision du monde, du réel ou de l’imaginaire, qui portent une voix singulière et font raisonner celle de l’époque au-delà de leur expérience personnelle.
« Les géants du numérique étendront leur puissance avant, pendant et après le voyage »
Quant aux ouvrages touristiques, le défi est immense : les géants du numérique étendront leur puissance avant, pendant et après le voyage. Nous devrons donc être plus radicaux et engagés sur nos orientations. Nos ouvrages devront être plus affûtés, s’inscrire comme de vraies histoires à vivre, pourquoi pas en ayant davantage recours aux ressorts fictionnels. En somme, nous aurons pour tâche de transformer par le livre les touristes en voyageurs. »