Au service de sa Majesté. Après Michel Foucault ou Daniel Arasse, entre beaucoup d'autres critiques d'art, Jérémie Koering, professeur d'histoire de l'art moderne à l'université de Fribourg (Suisse), spécialiste de l'épistémologie de l'histoire de l'art, s'intéresse aux Ménines de Velázquez (1599-1660). Son tableau le plus fameux, considéré comme la Joconde du musée du Prado à Madrid, qui fascina nombre d'autres artistes, dont le plus illustre, Picasso, lui consacra pas moins de quarante-quatre variations. Koering mène sur le tableau une enquête historique, érudite et passionnante, sur la date de son exécution : il semble que, si elle a été commencée en 1656, l'œuvre, profondément remaniée ainsi qu'en témoigne sa première version sous le rendu définitif, n'a pu être achevée qu'en 1660, peu avant la mort du peintre, puisque celui-ci, qui s'est peint lui-même peignant, porte sur son habit la croix de l'ordre de Santiago, qu'il n'obtint qu'en 1659. L'enquête est aussi esthétique : Koering décrypte le tableau partant de l'hypothèse, séduisante mise en abyme, que la toile qu'est en train de peindre Velázquez, présentée de dos, n'est autre que Les Ménines elles-mêmes. Par ailleurs, le roi Philippe IV et son épouse, se reflétant dans un miroir suspendu sur le mur du fond de l'atelier de l'artiste, ont forcément assisté à la scène. D'où le regard de Velázquez, la tête penchée vers son maître, au service duquel il travaillait en tant que peintre et serviteur. Plus de trois cent soixante ans après, le spectateur-lecteur se retrouve au centre d'une intrigue fascinante et ne regardera plus jamais Les Ménines de la même façon.
Enquête sur les Ménines : Velazquez et le regard du roi
Actes Sud
Tirage: 0
Prix: 20,00 €
ISBN: 9782330168209