25 septembre > Récit France

Après le Lennon de David Foenkinos, Jim Morrison est la deuxième rockstar a être gratifiée d’un biopic littéraire dans la collection "Miroir" qu’Amanda Sthers dirige chez Plon. A la fois exercice d’admiration et tentative de réinventer un "personnage de l’Histoire", c’est, pour chaque écrivain sollicité, un pari risqué. Harold Cobert et son Jim s’en tirent avec les honneurs.

Cobert a choisi de prendre son héros à la toute fin de sa courte vie (1943-1971), quand, ayant décidé de fuir, sans doute à jamais, les Etats-Unis où la justice lui cherchait des noises depuis le fameux concert à Miami, le 1er mars 1969, où sa conduite sur scène a été jugée "obscène", il s’est installé à Paris, rue Beautreillis, en compagnie de Pam(ela), sa femme depuis quelques années, qui fut à la fois son bon et son mauvais ange. L’alcoolo pathologique et la junkie à l’héroïne formaient un couple tendu et à éclipses, attachés l’un à l’autre comme deux naufragés en perdition sur un radeau. C’est sous son influence qu’il avait décidé d’arrêter la musique et de plaquer les Doors, pour se consacrer à ce qui avait toujours été l’essentiel à ses yeux de lecteur boulimique : la poésie. "J’ai jamais voulu être un chanteur de rock", lui fait dire Cobert.

Mais à Paris, Pam se défonce de plus en plus, l’inspiration se fait rétive, et Jim se saoule méthodiquement, accélérant ainsi son autodestruction. Il mourra dans la nuit du 2 au 3 juillet 1971, dans des circonstances épouvantables et jamais vraiment élucidées, rejoignant ainsi au paradis des rockstars foudroyées ce "Club des 27" qu’il avait imaginé avec une bonne dose d’humour noir : Jimi Hendrix, Brian Jones, Janis Joplin…

Avant de mourir, Morrison aurait enregistré plusieurs cassettes, peut-être avec des poèmes et des morceaux inédits, des heures de confidences où il revisitait sa trajectoire de fils de contre-amiral psychorigide, entré en rébellion radicale contre l’ordre établi et l’american way of life, rattrapé malgré lui et finalement détruit par le show biz, le succès, le rock et ses paradis artificiels. Ces cassettes, qui ont disparu dans la panique après sa mort, Harold Cobert les imagine et les décrypte, en se fondant sur les nombreux écrits et interviews "officiels" de Morrison durant toute sa carrière. Ce qui donne à son livre intensité, émotion et véracité. L’écrivain se glisse dans la peau du Roi Lézard, mais c’est lui-même qui s’exprime. A ce propos, un seul bémol syntaxique : Cobert a choisi de supprimer dans son texte toutes les négations, pour faire plus "parlé". C’est un peu artificiel. Et Jim, qui était un garçon cultivé, ne parlait sans doute pas comme ça. J.-C. P.

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