Disparition

La mangaka Hinako Ashihara est décédée le lundi 29 janvier à l’âge de 50 ans. Selon les premières déclarations des forces de l’ordre japonaises, elle a été retrouvée à son domicile avec une lettre laissant penser qu’il s’agissait d’un suicide. Quelques jours avant sa mort, l’autrice de shōjos avait exprimé ses doutes et ses frustrations dans un billet de blog rapidement dépublié. Il y était question de l’adaptation de son dernier manga, Sexy Tanaka-san, récemment porté à l’écran par Nippon Television (dit NTV).

« À force de vouloir bien mener cette histoire, j’ai toujours la crainte qu’elle ne s’achève brusquement »

Hinako Ashihara a commencé sa carrière en 1994 avec des one-shots et des anthologies d’histoires courtes. C’est avec deux œuvres publiées par les éditions Kana qu’elle s’est fait connaître en France : Le sablier (2008) et Piece (2012), deux séries de dix tomes qui lui ont valu deux prix Shōgakukan dans la catégorie shōjo.

Dans ces deux mangas, elle s’intéresse à la période charnière qui relie la fin de l’adolescence au début de l’âge adulte. Ses protagonistes ne sont ni des héros ni des forces de la nature, mais des personnes normales, confrontées aux aléas de la vie, comme le deuil et la dépression. « C’est sans doute ce qui la faisait sortir du lot », a raconté l’éditrice de Kana Yuki Takanami à Livres Hebdo. « C’est la vie qu’elle dessinait, pas la tristesse de l’existence. Le cheminement qu’on fait quand on grandit, les relations qui nous unissent les uns aux autres… Le sablier et Piece peuvent être très durs, mais toujours justes dans les émotions décrites. »  

Dans Piece, d’anciens camarades de classe se rapprochent suite au décès d’une des leurs. Hinako Ashihara écrivait à propos de ce manga : « À force de vouloir bien mener cette histoire, j’ai toujours la crainte qu’elle ne s’achève brusquement. C’est pour cette raison que j’avance lentement, mais sûrement. » C’est précisément cette possibilité d’aller à son rythme qui lui aurait manqué dans le cadre de l’adaptation de Sexy Tanaka-san.

Des déceptions à la chaîne et un rythme éprouvant

Dans l’article supprimé de son site internet, Hinako Ashihara racontait le déroulement de sa collaboration avec NTV. En cédant les droits de Sexy Tanaka-san, la mangaka et son éditeur Shōgakukan avaient exigé de la chaîne qu’elle respecte fidèlement l’esprit du matériau original et confie l’écriture de la fin à Hinako Ashihara. Des conditions que les producteurs n’auraient pas respectées. L’autrice s’était aussi confiée sur la difficulté d’écrire les épisodes finaux de la série tout en poursuivant la publication du manga, qui reste inachevée après six tomes prépubliés. « À première vue, Sexy Tanaka-san semble être un manga de comédie romantique ludique, avec un titre inhabituel mais… je veux créer une œuvre qui puisse soutenir avec douceur et force les personnes qui ont des difficultés à vivre en raison d’une faible estime de soi », expliquait-elle. La chaîne de télévision nippone a présenté ses condoléances sur les réseaux sociaux.

En parallèle, l’annonce du suicide de la mangaka a ouvert un débat virtuel sur la situation des auteurs, considérée comme précaire et dangereuse pour leur santé. Un sujet de plus en plus visible dans l’espace public, qui avait fait l’objet d’une enquête du média Purebreak en octobre 2023.

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