Décryptage

« Le succès de Michel réside avant tout dans sa nature profondément humaine », s’enthousiasme Sofia Bengana, directrice générale des Presses de la Cité. Difficile, toutefois, d’expliquer le succès de l’auteur de best-sellers par ce seul trait car, rares sont les auteurs, même très humanistes, qui, par leur puissance de vente, peuvent se targuer de peser si lourd dans l’économie d'une maison d’édition.

Michel Bussi, c’est effectivement 10 millions de livres vendus tous formats confondus, une troisième place cette année dans le palmarès Le Figaro / GfK des auteurs les plus écoulés en France et un rayonnement à l’étranger avec un million de ventes. 
 
Photo OLIVIER DION

 
Aiguilleur d’émotions
 
Rien ne t’efface, le dernier roman de Michel Bussi en librairie le 4 février, commence ainsi : une mère et son fils sur la plage, la disparition mystérieuse du garçon puis, dix ans plus tard, l’apparition d’un enfant aux traits étrangement similaires à celui évaporé. « A chaque fois, mes romans sont structurés ainsi, ils cherchent à cheminer de l’inexplicable à l’explicable », explique l’auteur.  « Son truc à lui, c’est le roman à twist », confirme son agent, Denis Bourgeois, « son public lui est fidèle car il réussit toujours à mettre en place cette petite mécanique intellectuelle qui ressemble beaucoup aux casse-têtes chinois. » 
 
De ce jeu avec celui qui lit, naît une connivence. L’écriture rend actif le lecteur qui cherche à doubler l’auteur en trouvant la réponse. « La lecture de mes livres ne doit jamais être déceptive, souligne Michel Bussi, quand j’écris, je cherche toujours à deviner quelles seront les émotions de mes lecteurs. » A chaque mot couché sur le papier, l’écrivain cherche à anticiper les réactions de ses lecteurs. Une compétence développée au point qu’il arrive à deviner à l’avance quels seront les passages de ses livres cités sur Babelio ! « Je sais ce que les gens attendent, ce qui peut donner un succès. Dans mes polars, j’écris des choses que le public aime », ajoute-il. 
 
Michel Bussi en de?dicace a? la foire de Brive en 2017- Photo OLIVIER DION

 
Le regard du géographe
 
« Bussi a cette aisance qui n’est pas partagée par tous les auteurs », concède Laurence Deschamps, directrice commerciale des Presses de la Cité. De cette aisance et de ce capital sympathie, Michel Bussi en a fait sa signature d’auteur. Régulièrement en salon ou en signature dans les librairies, il crée un attachement particulier auprès de son lectorat. « Avec l’équipe qui le suit, nous souhaitons valoriser ce qu’il est en tant qu’homme », explique la directrice. Une valorisation qui passe par la création de plaquettes présentant l’auteur à travers sa personnalité ou bien par des rencontres numériques entre les grandes enseignes culturelles et l’écrivain. 

Somme d’un capital sympathie et d’une facette davantage intellectuelle, Michel Bussi se loge à l’interstice du roman populaire et de la réalité sociale. « Les romans de Michel, ce ne sont pas seulement des énigmes policières, il y a autre chose, ça parle ! », s’emballe Denis Bourgeois. Cette réalité sociale, il la traduit à travers son regard de géographe dont il a exercé le métier pendant des dizaines d’années. « C’est pour ça qu’il est fort, il sait parler aux gens en racontant les endroits où ces personnes habitent », explicite Fred Duval, lecteur de Bussi et scénariste de l’adaptation BD des Nymphéas noirs. Depuis le départ, l’auteur est d’ailleurs publié dans la collection « Terre de France », un ensemble dédié aux livres mettant en avant le terroir et la richesse des régions. 
 

 
Un genre en soi 
 
Avec ses romans de suspens à la morale douce-amère, l’écriture de Michel Bussi réussit à se distinguer grâce à ce que l’écrivain appelle lui-même un « univers d’auteur » : « Avant, ce qui comptait c’était le genre auquel on appartenait et la promesse de tenir les codes de ce genre. Aujourd’hui, ceux qui durent sont les auteurs inclassables. Par exemple, je pense que le succès de Valérie Perrin est dû à la façon dont elle s’extirpe du feel-good classique en ajoutant du suspens à ses romans. » 
 
Différencier la plume de Michel Bussi des autres auteurs de polars tout en l’élargissant à des catégories plus larges, c’est la veine explorée par l’équipe multidisciplinaire entourant l’auteur. Pour Julie Cartier, l’éditrice de l’écrivain chez Pocket, qui publie Au soleil redouté cette semaine, ce choix éditorial a permis à l’auteur de cartonner en poche : « Bussi est en littérature générale chez Pocket car nous ne voulions pas nous positionner comme le Grand Format où il est classé en policier. » Le poche enregistre aujourd'hui plus de deux fois le nombre de ventes en grand format.

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