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Le système Sollers en dix livres

Philippe Sollers - Photo Catherine Hélie/Gallimard

Le système Sollers en dix livres

L'auteur et éditeur Philippe Sollers est décédé vendredi 5 mai à l'âge de 86 ans. Il laisse derrière lui une importante œuvre littéraire dans laquelle Livres Hebdo a sélectionné plusieurs titres notables pour lui consacrer une bibliographie.

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Par Adriano Tiniscopa,
Créé le 09.05.2023 à 13h06 ,
Mis à jour le 09.05.2023 à 15h56

Le prolifique romancier et éditeur Philippe Sollers, né Philippe Joyaux en 1936 à Talence (Gironde), est décédé vendredi 5 mai. Auteur inclassable et essayiste audacieux, amoureux et amateur d'art, admirateur de James Joyce, revuiste, Philippe Sollers a aussi été directeur de la collection « L'Infini » chez Gallimard, doublée de la revue du même nom qu'il a fondée en 1983. Parmi sa grande production littéraire (plus de 80 ouvrages), Livres Hebdo a retenu dix titres qui ont fait le succès de l'auteur ou qui témoignent de la singularité de son esprit éclectique. Le onzième titre proposé, sa correspondance avec Francis Ponge, est à paraître chez Gallimard en juin 2023.

  • Une curieuse solitude (Seuil, 1958)

Son premier roman, écrit à vingt ans, a rapidement été remarqué par la presse et salué par Louis Aragon. Cet ouvrage autobiographique décrit la formation intellectuelle du narrateur qui semble s'intéresser surtout aux éclairages physiques et métaphysiques. Jeune garçon riche et oisif, il rencontre alors une femme de trente ans, domestique espagnole. Ils s'attachent violemment l'un à l'autre, se perdent puis se retrouvent à Paris.

  • Le Parc (Seuil, 1961)

Prix Médicis 1961, Le Parc est qualifié de « poème romanesque » par son auteur lors de sa remise de distinction. L'écrivain retrace l'histoire de trois personnages difficilement identifiables qui mènent une aventure métaphysique entre rêveries et songeries. Ce livre fera du jeune Sollers un compagnon de route du Nouveau Roman.

  • Le Défi (Seuil, 1957)

Premier écrit de Philippe Sollers, la nouvelle a reçu le prix Fénéon en 1958. Germe du roman Une curieuse solitude, le texte de 35 pages, d'abord publié dans la revue Écrire des éditions du Seuil, a été remarqué par François Mauriac.

  • Femmes (Gallimard, 1983)

C'est avec ce roman, autant adoré que décrié, que l'auteur connaît la notoriété médiatique. Le narrateur, journaliste américain, met en avant sept protagonistes internationales (journaliste, anarchiste, dirigeante, attachée d'ambassade, musicienne, sa propre femme...) et sa réflexion embrasse l'évolution du monde des dix années précédentes : pouvoir féminin, érotisme, crise, terrorisme, idées et passions des intellectuels.

  • La Guerre du goût (Gallimard, 1994)

Cet ouvrage prolonge le travail d'essayiste de Philippe Sollers entamé notamment avec L'Écriture et l'expérience des limites (Seuil, 1971), Théorie des exceptions (Gallimard, 1986) et Improvisations (Gallimard, 1991), pour former une « véritable histoire, vivante et verticale, de l'art et de la littérature ». En soi, ce livre est un recueil de textes – bien que Philippe Sollers s'en défende – parus dans Le Monde des livres et dans Art Press.

  • Illuminations. À travers les textes sacrés (Robert Laffont, 2003)

Texte consacré aux méditations de l'auteur sur la question de Dieu en partant des textes religieux des diverses traditions, de Jésus à Zarathoustra, de Maître Eckhart à Lautréamont, de Rimbaud à Rumi.

  • Paradis (Seuil, 1981)

Ouvrage expérimental dénué de ponctuation, publié en deux volumes (Paradis II, Gallimard, 1986), est un hommage à La Divine Comédie de Dante. Dans cet écrit, Philippe Sollers retrace avec son approche les origines du paradis.

  • Lettres à Dominique Rolin, 1958-1980 (Gallimard, 2017) et Lettres à Dominique Rolin, 1981-2008 (Gallimard, 2019)
Le premier recueil de 256 lettres entre Dominique Rolin, autrice belge, et Philippe Sollers fait revivre une relation épistolaire amoureuse entre détails pratiques et anecdotes mondaines, mais montre aussi le soutien, l'encouragement professionnel, le bouillonnement intellectuel et les thèmes chers des deux amants.

Plus brèves que celles de la période précédente, les lettres échangées entre 1981 et 2008 témoignent d'une époque d'intense création pour les deux écrivains. Ils évoquent tour à tour Venise, l'île de Ré, la politique ou encore le lien entre l'écriture et le tennis.

  • Les Surprises de Fragonard (Gallimard, 1987)

Philippe Sollers célèbre le peintre Jean-Honoré Fragonard et le fait vivre dans ce livre construit comme un roman d'aventures parfait de détails qui mêle aussi des images. Il écrira également des ouvrages sur de Kooning, Cézanne, Picasso ou Bacon.

  • Agent secret (Mercure de France, 2021)

Dans ce roman, l'auteur partage ses émotions de jeunesse par l'exercice d'un autoportrait, depuis sa naissance à Bordeaux dans une famille bourgeoise jusqu'à son arrivée chez Gallimard. Il évoque Eugenia, son premier amour, David, son fils, et ses influences, parmi lesquelles Jacques Lacan, Roland Barthes et Arthur Rimbaud.

  • Portrait du joueur, illustré par Martin Veyron (Futuropolis-Gallimard, 1991)

Initialement publié en 1984, le roman a été adapté et illustré en 1991 par le bédéiste Martin Veyron. L'histoire aux sonorités autobiographiques mène le héros à travers un parcours initiatique de Bordeaux, où il est né mais ne se reconnaît plus, à Genève, où l'attend une singulière expérience érotique, puis à Venise, où il choisit finalement de s'installer, s'orientant vers une méditation métaphysique.

  • Correspondance, 1957-1982, avec Francis Ponge (Gallimard, à paraître le 22 juin 2023)

L'ouvrage collige les lettres échangées par les deux écrivains dans lesquelles ils dressent un panorama du monde éditorial et revuiste français des années 1957-1974 en évoquant l'activité de la NRF et de Tel Quel, les critiques que suscitent leurs œuvres, la volonté de faire école et de former le public. Les divergences politiques, entre autres, finiront par les éloigner à partir de mai 1968.

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