Métiers du livre

Les agences littéraires se développent et se diversifient

« La profession d'agent se développe aussi parce qu'il existe une demande croissante de la part des auteurs », assure Mélanie Jean, ancienne éditrice dans le pratique reconvertie en agente littéraire il y a un an. - Photo © Cyril Marcilhacy

Les agences littéraires se développent et se diversifient

BD, Pratique, Sciences humaines, etc : aucun segment éditorial n'échappe à l'ascension des agents. La demande des auteurs est croissante.

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Par Cécilia Lacour,
Créé le 23.10.2021 à 12h30

Certains se sentent encore « un peu seuls ». En bande dessinée, pratique, romance ou encore young adult, les agents se comptent sur les doigts d'une main. Dans le seul cas du 9e art, « des auteurs étrangers sont représentés par des agents français mais il n'y a pas tellement d'agents français pour des auteurs français, à part Christophe Ledannois, François Samuelson, Ariane Geffard... », observe Sophie Chédru, éditrice indépendante et agente spécialisée en bande dessinée depuis un an. Si la majorité des professionnels interrogés peinent à trouver spontanément le nom de leurs confrères et consœurs, ils sont en revanche unanimes sur un point : aucun segment éditorial n'échappera à l'essor, lent mais certain, de la profession d'agent.

L'une des raisons ? « Une ubérisation et une judiciarisation de la société, note Christophe Ledannois, fondateur en 2008 de Quelle belle histoire. Se faire représenter et défendre ses intérêts entre dans les mœurs ». En particulier pour les auteurs rencontrant un certain succès en librairie. « De nombreux auteurs confirmés réfléchissent à prendre un agent. Il y a dix ans, cela ne trottait dans la tête de personne », observe-t-il. Ce phénomène s'applique aussi aux « éditeurs indépendants qui pensent à devenir agent par besoin de développer leur activité autrement », complète Sophie Chédru.

Demande croissante

« La profession d'agent se développe aussi parce qu'il existe une demande croissante de la part des auteurs », assure Mélanie Jean, ancienne éditrice dans le pratique reconvertie en agente littéraire il y a un an. « Certains auteurs ont l'impression de ne pas être suffisamment accompagnés dans leurs parcours d'écrivain. Un nombre croissant d'entre eux tente de se diversifier et d'être publié dans plusieurs maisons mais ne sait pas à qui dédier tel ou tel texte. L'agent facilite la gestion de la carrière », souligne Constance Joly-Girard, ancienne éditrice se définissant depuis 2012 comme coach littéraire et agent artistique. « Les auteurs de bande dessinée travaillent souvent avec plusieurs maisons, c'est probablement plus simple pour eux d'avoir recours à un agent pour avoir une unicité dans leurs contrats », abonde Christophe Ledannois.

L'émergence de cet intermédiaire peut enfin répondre à un besoin des maisons. Collaborer avec « un interlocuteur privilégié qui connaît la ligne éditoriale d'une maison, qui est susceptible de proposer une sélection de projets pertinents » représente un avantage indéniable, selon Mélanie Jean. Face à l'engouement pour l'écologie ou le féminisme, « les éditeurs et éditrices cherchent des sujets plus pointus maintenant que les bases ont été posées, constatent Marianne Laborie et Léa Delord, fondatrices de L. Hardie, en 2019. L'agent peut faciliter le travail de l'éditeur en allant chercher de nouvelles voix ». Cette analyse s'applique aussi à la romance. Lisa Tanghe a lancé fin 2018 son agence Lisa Dansleslivres. Profitant du « boom de la romance », son entreprise « a cartonné » dès ses débuts, signe d'un besoin de la part de la chaîne du livre. « Ce n'est pas pour tout de suite mais le métier d'agent va se développer petit à petit », prédit Lisa Tanghe. « Nous ne sommes pas sur un secteur hyper saturé et nous avons encore du travail à faire avant de devenir un maillon systématique de la chaîne », nuancent toutefois Marianne Laborie et Léa Delord.

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