5 mai > Roman Chine

Originaire elle-même du Heilongjiang, le Grand-Nord de la Chine, non loin de la frontière russe, Chi Zijian est l’auteurs prolifique de 80 ouvrages, romans, nouvelles, essais. Très connue dans son pays, traduite partout dans le monde, son deuxième livre publié en France, Bonsoir, la rose (expression familière qui signifie la façon cavalière dont un homme donne congé à une femme) paraît chez Philippe Picquier, lequel avait déjà publié en 2013 son recueil de nouvelles Toutes les nuits du monde. Dans ce roman, on retrouve son sens du drame, son habileté à construire plusieurs histoires qui s’entremêlent, son humour parfois grinçant, et la modernité de son inspiration.

Xiao’e, la narratrice, est une jeune fille de 25 ans, bien ordinaire, qui vit à Harbin. Après des études de philosophie, elle travaille comme correctrice d’épreuves dans une agence de presse. Sa rédactrice en chef, Weina, l’apprécie et est devenue son amie. Xiao’e loge chez une vieille dame solitaire, Léna, une juive russe fort pieuse qui a fui les pogroms de son pays depuis très longtemps, et que hante encore son histoire douloureuse. Elle aussi l’a prise en affection. En apparence, Xiao n’est pas malheureuse. Mais ce serait oublier son enfance atroce, bâtarde née du viol de sa mère "par un fantôme " dans un cimetière, puis orpheline reniée par son "père" et martyrisée par sa belle-mère.

Un passé lourd à porter, et qui ne facilite pas ses relations avec les garçons. Elle n’a eu que trois amants. Chen Erdan, le camarade d’université qui l’a dépucelée, mais aux parents duquel elle n’a pas plu. Song Xianghui, rencontré grâce à Internet, un fonctionnaire immonde qui rompra pour en épouser une autre, plus belle. Et Ji Deming, qu’elle semble aimer vraiment, mais leur relation est compliquée. Homme d’affaires, il n’est pas souvent là et hésite à s’engager. Jusqu’à ce qu’il lui présente son père, patron d’une imprimerie, un homme chaleureux et fraternel avec ses employés. Parmi eux, maître Mu, un vieil ouvrier, qui semble reconnaître Xiao. Cette rencontre va amener la malheureuse à se replonger dans son enfance, en découvrir enfin la vérité, et à faire à nouveau basculer son destin.

L’intrigue tissée par Chi Zijian est subtile, et progresse lentement, comme par magnétisme entre des personnages qui n’ont, en apparence, rien en commun, mais, en réalité, un lien secret. Comment dit-on "fatalitas " en mandarin ? J.-C. P.

01.05 2015

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