Etats-Unis

Les bibliothèques américaines doivent prouver leur efficacité

American Library Association

Les bibliothèques américaines doivent prouver leur efficacité

Dans son dernier rapport annuel, l’American Library Association souligne que le principal défi des bibliothèques est de démontrer, preuves à l’appui, tous les bénéfices qu’elles apportent à leurs utilisateurs. Cependant de plus en plus d'utilisateurs pensent que certains livres devraient être bannis des bibliothèques.

J’achète l’article 9 €

Par Véronique Heurtematte,
Créé le 13.04.2016 à 19h44

Les bibliothèques américaines, qu’elles soient publiques, universitaires ou scolaires, se trouvent toujours face à une grande incertitude économique. Dans ce contexte, il leur est de plus en plus indispensable de prouver leur valeur et leur utilité par des enquêtes et des données chiffrées. C’est ce que met en lumière le dernier rapport annuel de l’American Library Association (ALA), récemment publié.
 
Pour répondre à ce besoin croissant, l’Association des bibliothèques publiques a créé un groupe de travail qui a élaboré des outils d’évaluation faciles à utiliser. L’Association des bibliothèques universitaires et de recherche a également mis sur pied un programme baptisé "L’évaluation en action" qui vise à démontrer les contributions des bibliothèques à la réussite étudiante.
 
Les bibliothèques scolaires sont également concernées. Plusieurs enquêtes démontrent leur impact positif et soulignent notamment que l’accès aux livres par la bibliothèque scolaire développe chez les élèves une attitude positive vis-à-vis de la lecture, que les élèves ont de meilleurs résultats aux examens dans les établissements où la bibliothèque bénéficie de la présence d’un bibliothécaire qualifié, d’horaires d’ouverture étendus et d’un budget conséquent.
 
Changer l’image des bibliothèques

Les bibliothèques doivent également changer leur image auprès du grand public et des décideurs. En 2015, l’Ala a lancé une grande campagne nommée "Libraries Transform" qui fournit en ligne de nombreux outils et matériels de communication que les bibliothèques peuvent s’approprier pour l’utiliser localement. Le kit propose notamment des phrases percutantes répondant à la question "Pourquoi les bibliothèques sont-elles essentielles ?". Exemple de réponses: "Parce que vous pouvez télécharger un livre numérique à 3 heures du matin sans sortir de votre lit", "Parce que tout le monde n'a pas Internet et un ordinateur chez lui", "Parce que vous pouvez acheter d'autres choses avec l'argent économisé en ayant recours aux ressources de la bibliothèque". Plus de 1500 établissements ont participé à cette opération.
 
La tentation de la censure progresse

Comme chaque année, le bureau pour la liberté intellectuelle de l’ALA a publié la liste des dix livres les plus touchés par la censure, basée sur le nombre de plaintes ou demandes de retrait des bibliothèques enregistrées. Arrivent en tête Looking for Alaska de John Green, traduit en France chez Gallimard jeunesse sous le titre Qui es-tu Alaska?, le célébrissime Fifty Shades of Grey de E.L. James publié dans sa version française chez Jean-Claude Lattès et I am Jazz, de Jessica Herthel et Jazz Jennings.
 
En 2015, un sondage réalisé par Harris Poll a montré que 28 % des participants pensaient que certains livres devraient être bannis des étagères des bibliothèques scolaires; ils n’étaient que 18 % à défendre cette opinion en 2011. 
Trois Américains sur cinq pensent que les enfants ne devraient pas avoir accès via la bibliothèque à des livres contenant un langage explicite; la moitié pense la même chose des ouvrages au contenu violent.

Curieusement, 44% des sondés voudraient voir exclus les titres faisant référence à la magie et à la sorcellerie. Ils sont un peu moins, 40%, à souhaiter voir exclus les livres faisant des allusions à la drogue ou à l’alcool. 33% des répondants pensent que les enfants ne devraient pas avoir accès au Coran dans leur bibliothèque scolaire, et 10% disent la même chose de la Torah et du Talmud.

Par ailleurs, il est à noter que la Bible arrive à la 6e position dans la liste des livres censurés de l’ALA au motif qu’elle propose un "point de vue religieux". Des résultats qui tendent à montrer une hausse des attitudes conservatrices et qui "soulèvent des inquiétudes concernant l’état de l’éducation civique aux Etats-Unis au regard des droits civils et du 1er amendement, confirmant le besoin de programmes énergiques pour soutenir la liberté intellectuelle", indique l’American Library Association dans son rapport.

Les dernières
actualités