Ateliers

Les auteurs qui connaissent les joies et les peines du métier pourront nuancer l'affirmation, mais du côté des thérapeutes et des spécialistes du développement personnel, c'est une certitude : écrire fait du bien. « L'écriture est cathartique, elle permet de donner du sens à un événement traumatique et de construire un processus de réparation », assure Nayla Chidiac, docteure en psychopathologie, qui a créé les ateliers d'écriture thérapeutique à l'hôpital Sainte-Anne. Auteure d'un traité sur le sujet publié chez Elsevier Masson, elle prépare un essai plus grand public, sollicitée par trois éditeurs entre lesquels son choix reste à faire.

Dans ces ateliers, les patients (une dizaine au plus) écrivent sur un thème donné par le thérapeute, et dans un genre précis (poème, nouvelle, conte, fable, lettre, etc.). Ils peuvent commencer par exprimer sur le papier qu'ils ne sont pas d'accord avec ce qui leur est proposé, ce qui suffit à débloquer la situation, explique Nayla Chidiac. La lecture devant le groupe est un moment fort du processus, dans la restauration de la confiance et de l'estime de soi, une fois l'inhibition de l'expression surmontée. Avec des objectifs différents des ateliers littéraires, cette thérapie par l'écriture a pu déboucher sur des publications pour certains patients, mentionne Nayla Chidiac, qui reçoit aussi des auteurs bloqués dans leur processus créatif.

L'écriture peut être aussi le vecteur d'une recherche d'équilibre et d'harmonie personnels, à la base d'ateliers que proposent quelques auteurs, comme Laurence Nobécourt (« En vivant, en écrivant »), publiée chez Albin Michel et Grasset.

Spécialiste de la psychologie positive qu'elle décline en de multiples ouvrages chez Marabout, Florence Servan-Schreiber a démarré ainsi. Elle vient tout juste de lancer à une plus grande échelle sur Internet « Bloom, l'atelier d'écriture qui fait du bien ». « Nous avons réuni près de six cents participants pour la première session, et nous préparons la suivante », se félicite-t-elle. Pour 280 euros, les inscrits reçoivent tous les quinze jours pendant quatre mois des exercices sous forme de vidéos et de podcasts, postent leurs créations sur un espace personnel et en présentent une partie dans des groupes de lecture. L'expérience fera l'objet d'un livre chez Marabout en février 2020.

Thérapie

Rédacteur en chef d'un jour de Livres Hebdo - Christophe André- Photo OLIVIER DION

Je fais partie d'une école thérapeutique (les comportementalistes) qui demande souvent à ses patients d'écrire. Nous nommons ce travail d'introspection, de manière bien peu poétique, des « auto-observations ». Ces notes, que les patients nous rapportent à chaque séance, nous permettent d'observer, avec eux, leurs progrès. Quand ils se relisent à des mois de distance, ils n'en reviennent pas de tout ce qui a changé. Nous voyons aussi, chez les déprimés, se transformer le style : au début, des phrases courtes, sans liens entre elles ; puis, avec l'amélioration, apparaissent les « joncteurs » : les « et », les « donc », les « parce que » et autres « puisque », qui signent le retour d'une pensée organisée. Christophe André

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