Tous les éditeurs ont fait le constat : les collections privilégiant les formats synthétiques sont celles qui se vendent le mieux. Ils en tirent tous les conséquences. Espérant mieux séduire ainsi les étudiants, Dalloz a refondu en juillet sa collection de révision « Mémentos ». « La maquette est plus accessible, elle fait moins référence, elle colle davantage au concept éditorial », explique Hélène Hoch, directrice éditoriale universitaire. Les manuels d’entrée de gamme de l’éditeur juridique, en « Cours » et « Hypercours », sont également ceux qui se vendent le mieux, devant les classiques « Précis ».

Bréal a lancé en juillet une petite collection destinée aux classes préparatoires commerciales et comprenant des cartes. « Elle n’a pas de nom, elle se repère à ses couleurs, indique la P-DG, Cécile Colonna. Les étudiants achètent beaucoup moins d’ouvrages de cours tels que ceux de la collection “Grand amphi?. Aujourd’hui, en fac, les élèves se tournent vers des titres de révision, plus synthétiques et moins chers. Nous nous adaptons pour répondre à cette demande », précise-t-elle. Dans la même logique, Dunod a inauguré cette année la collection d’entrée de gamme « Les petits experts », qui propose des fascicules de 48 pages. L’éditeur continue aussi de développer son offre en « Mini manuel » et « Tout le cours en fiches ». Dans cette dernière collection, Dunod a notamment publié en mai Chimie organique. «Les étudiants visent l’efficacité et le résultat, on est dans une logique de fiches, avec moins d’académisme, décrit Florence Martin. Ce livre est complété par un important site compagnon ; il est appelé à durer des années. »

De la même façon, Nathan refond entièrement ses « Repères pratiques », une collection de 70 titres de 120 à 140 pages qui « correspond aux usages des étudiants qui ne lisent plus de grosses sommes, explique Charles Bimbenet, directeur du département technique supérieur formation pour adultes. Ces livres font le tour d’une question de manière très pédagogique. Nous avons une vingtaine de titres qui ressortent à la rentrée, c’est un très gros lancement. » La refonte des « Repères pratiques » a pour objectif de défendre l’unité de la collection dans les points de vente. «Les librairies organisent leurs linéaires par thèmes, mais “Repères pratiques? a besoin d’être regroupée pour aller chercher des ventes supplémentaires, plaide Max Prieux, directeur commercial de Nathan. Le lecteur intéressé par un sujet ira trouver le livre qu’il cherche, mais ne saura pas forcément qu’il existe d’autres titres qui pourraient le séduire en achat impulsif. » L’éditeur lance donc une opération de mises en avant sur table, en vitrine ou sur PLV afin d’optimiser l’exposition de la collection.

 

Ne pas généraliser.

A La Documentation française, « Doc’ en poche », « Réflexe Europe » et les petits formats « Fac » sont tous des poches. « C’est de plus en plus ce qu’attendent les étudiants, estime Philippe Tronquoy, adjoint au responsable du département des ressources et conseils éditoriaux. Il faut être présent sur ce segment, c’est vital. On sait que les étudiants ont des habitudes de lecture qui changent, ils sont sensibles au coût des livres et ils lisent moins. Nous souhaitons continuer à leur offrir une information sérieuse et référencée, mais plus concise. »

 

Aux Puf, la parution cette année des premiers volumes d’« Une histoire personnelle de la France » au prix unitaire de 14 euros s’inscrit dans la même logique de réduction des prix de vente. Tout comme « La vie des idées », constituée de petits volumes à 8,50 euros, avec trois nouveautés pour l’automne dans cette collection transdisciplinaire dont le public est celui des sciences politiques et de l’économie. « Nous publions des titres mieux adaptés aux attentes des lecteurs en termes de pagination et qui sont moins chers. Cela concerne une partie de la production, mais il ne faut pas généraliser cette tendance à l’ensemble du catalogue », tempère toutefois la P-DG des Puf, Monique Labrune.

Chez Foucher, la série de fiches mémo Tout le semestre est un succès, affirme le directeur général, Olivier Jaoui. «En DEI [diplôme d’Etat d’infirmier, NDLR], nous avons couvert les trois premiers semestres, nous montons une opération de remise en place en librairie avec de la PLV pour les semestres 1 et 3, dit-il. L’an dernier, les titres étaient parus à la mi-octobre. Cette année, c’est au tout début de septembre, on espère donc faire encore mieux. Le prix est accessible. De plus, ces bonnes ventes poussent l’ensemble des titres en DEI. » Foucher renforce la collection avec un titre consacré à la formation d’aide-soignant. L’éditeur a déjà publié en décembre dernier un ouvrage sur cette thématique dans un tout-en-un qui a depuis été réimprimé. En « Sup’ Foucher infirmier », qui propose des titres de QCM et de fiches, deux nouveautés animent enfin la rentrée : Processus inflammatoires et infectieux et Processus tumoraux.

Le souci de proposer des ouvrages bon marché est récurrent, mais il préoccupe aussi les libraires. «La logique des éditeurs est de simplifier les contenus et les maquettes, et de réduire les prix. Mais si on va au bout de la démarche, on arrivera à tout le Moyen Age résumé en dix pages !, s’inquiète Alain Panaget, le directeur de Sauramps, à Montpellier. Economiquement, cela se comprend, mais intellectuellement, c’est participer à l’effondrement du marché en considérant que moins l’étudiant lit, moins il faut lui donner à lire. » 

11.10 2013

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