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Les mécanismes de l'index enfin disséqués

Les mécanismes de l'index enfin disséqués

Dans l'Index librorum prohibitorum, "l’Église romaine interdisait à ses fidèles de lire les plus grands noms de la littérature française du XIXe siècle".

Tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de la censure suivent les publications du chercheur Jean-Baptiste Amadieu et guettaient la parution de son nouvel opus consacré à l’Index. 

J’avais en effet recensé dans un précédent billet de ce blog la parution, en 2017, d’une première partie de sa thèse, intitulée La Littérature française au XIXe siècle mise à l’Index (Cerf/Patrimoines). C’est cette fois sous le titre Le Censeur critique littéraire que sort aux éditions Hermann le complément de cette dense enquête historique.
Soulignons d’emblée que c’est Antoine Compagnon qui a dirigé ce travail essentiel de l’histoire du livre.    
   
Au CNRS, Jean-Baptiste Amadieu scrute les péripéties de la littérature française, se passionnant pour les relations entre la littérature, la religion, les institutions et le droit. Il explique désormais que « l’Église romaine interdisait à ses fidèles de lire les plus grands noms de la littérature française du XIXe siècle : les œuvres de Lamartine, Hugo, Balzac, Sand, Dumas pater et filius, Sue, Flaubert, Stendhal, Feydeau, Champfleury et Zola furent strictement prohibées en leur temps. A l'époque, l’Index librorum prohibitorum se contentait de mentionner le ou les titres censurés sans préciser les motifs de condamnation. Le secret du Saint-Office occulterait encore les débats et les procès, si Rome n’avait pas ouvert les archives de la Congrégation de l’Index, en 1998 »

Or, il a eu accès à « cette documentation inédite, dans laquelle les censeurs romains examinaient les fictions d’écrivains à la manière de critiques littéraires, mais d’une espèce bien singulière – l’Index s’inquiétant surtout de l’influence de certains écrits sur l’intelligence, la sensibilité et le comportement d’un public vulnérable. » 

L'immense pouvoir des livres

Du Concile de Trente à Vatican II, l'Église romaine interdit à ses fidèles la lecture d'ouvrages par leur inscription dans la liste des livres prohibés, L’Index librorum prohibitorum.

Et ces Index librorum et prohibitorum deviendront en eux-mêmes un type d’ouvrages recherchés des collectionneurs, puisque le propre de ces recensions est de reproduire ad libidum les intitulés les plus audacieux. 

« Grâce » à Jean-Paul II, qui a fait ouvrir les archives historiques de la Congrégation, la recherche savante s’est emparée de cette persécution obsessionnelle, et en particulier de l’Index, dont le grand mérite est d’accorder un immense pouvoir aux livres.

Dans son premier volume, Jean-Baptiste Amadieu exposait le déroulement des procès intentés aux œuvres de fiction pour le XIXe siècle français à la lumière des archives de l'Index : la dénonciation de l'œuvre, son examen détaillé par un rapporteur, la congrégation préparatoire des consulteurs, la congrégation générale des cardinaux, la promulgation du décret par le pape. Il examine dans cette sorte de second tome les jugements, livrant ainsi une vision complète de cette censure d’église.

 

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