Angoulême 2023

Les pratiques de lecture de BD chez les Français décortiquées par une étude du SNE

Olivier Dion

Les pratiques de lecture de BD chez les Français décortiquées par une étude du SNE

Le Syndicat national de l’édition (SNE) publie un rapport étudiant les pratiques de lecture de bandes dessinées des Françaises et Français de tous âges.

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Créé le 26.01.2023 à 18h39

Au SNE, la bande dessinée est à l’honneur en ce mois de janvier. A l'occasion du festival d'Angoulême, le syndicat vient de faire paraître une étude au panel large – 78 personnes entre 8 et 49 ans, femmes comme hommes – s’intéressant aux pratiques de lecture de bande dessinée.

La lecture de BD plébiscitée chez les enfants

L’étude identifie trois moments-clé dans la lecture de bande dessinée : l’enfance (7-12 ans), l’adolescence (13 à 18 ans) et le début de la vie adulte, entre études supérieures et premiers pas dans la vie active.

L’expérience des enfants avec la BD franco-belge est estimée positive, et extrêmement dépendante de l’entourage familial. La lecture de BD s’installe stablement dans les familles qui en lisent déjà. Le rôle des figures masculines est proéminent dans l’initiation : les pères sont les plus à même de transmettre la pratique à leurs progénitures. L’école intervient dans la consolidation du processus. Quand les enfants choisissent eux-mêmes ce qu’ils lisent, l’influence des films et des dessins animés est notable.

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SNE- Photo SNE

Collèges, lycées, universités : irrégularités et diversification

Progressivement, le manga s’immisce et remplace la bande dessinée traditionnelle au collège, ainsi que le Webtoon. Notamment grâce à leur format, qui autorise une lecture "interstitielle" que le syndicat qualifie de "snacking". La sélection des références s’ouvre sur le monde extérieur : les amis, les réseaux sociaux et les influençeurs conditionnent les goûts. Un premier décrochage intervient au lycée, à mesure que la charge de travail s’intensifie et que les écrans prennent de plus en plus de place.

De façon générale, on observe à ce moment-là un déclin des œuvres franco-belges, considérées comme trop enfantines ou datées, et le triomphe du manga, facilité par le Pass Culture, surnommé à juste titre le "Pass Manga".

Le décrochage poursuit pendant les études supérieures. Cette trajectoire appartient surtout aux lecteurs occasionnels, opposés aux adeptes de la BD qui vont, à cette époque, confirmer leur passion avec une "pratique boulimique" du genre. Certains profitent de leur vie active pour renouer des liens, grâce au gain de leur pouvoir d’achat et une maturité nouvellement acquise, qui autorise la découverte de plus de genres et un détachement des nouvelles technologies.

Le format papier : un médium qui perdure

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SNE- Photo SNE

 

Dans la lecture de BD, certaines habitudes ont la peau dure. Le format papier continue de dominer les autres types de consommation, et est même vivement défendu par ses adeptes, qui décrivent une expérience sensorielle unique, et un moment de déconnexion. Les adolescents apprécient la dimension de collection, et les femmes interrogées, le côté bel objet. La lecture numérique est surtout l’apanage des 15-25 ans, qui l’identifient comme un moyen complémentaire de lire. Si la BD audio est très impopulaire, le SNE tempère en invitant à observer l’impact du succès des conteuses et du podcast.

En ressort une attitude positive à l’égard de la bande dessinée, très conditionnée par l’enfance. Si les formats pluridisciplinaires sont appréciés à l’unisson, se constate une méconnaissance de l’offre du genre. Certains types de récits sont d’ailleurs privilégiés. Les grands préférés restent l’humour et l’aventure, ainsi que la science-fiction et le policier. Les biographies, adaptations littéraires, reportages et documentaires se font plus discrets.

Un lectorat féminin fidèle, aux références lacunaires

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SNE- Photo SNE

Chez les femmes, ce sont les BD romance, tranche de vie et fantasy qui sont favorisés. Grandes amatrices de romans, elles s’avèrent fidèles à la BD franco-belge, perçue comme un loisir autorisé pendant de rares moments de distraction. Le SNE considère qu’il s’agit d’un choix "par défaut" à moindre-mesure, car beaucoup d’entre elles expriment un savoir limité sur l’offre, surtout conditionnée par leurs lectures d’enfance et d’adolescence et par les sujets et thématiques proposées. Il s’agit d’un plaisir intime et peu partagé, re-boosté par la grossesse, et l’éducation des jeunes enfants à la lecture. La relation à l’achat en librairie est très privilégiée.

 

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